Le renoncement de François Hollande // La victoire de François Fillon aux primaires de la droite et du centre

François Hollande en novembre 2016
François Hollande en novembre 2016 ©AFP - Stéphane de Sakutin
François Hollande en novembre 2016 ©AFP - Stéphane de Sakutin
François Hollande en novembre 2016 ©AFP - Stéphane de Sakutin
Publicité

François Hollande a annoncé qu'il ne se présentera pas aux prochaines élections présidentielles // François Fillon s'est imposé aux second tour de la primaire de la droite et du centre

Avec

LE RENONCEMENT DE FRANÇOIS HOLLANDE

Le Président de la République a annoncé jeudi qu’il ne sera pas candidat à un deuxième mandat. Au cours de cette allocution de dix minutes, il a dressé un bilan de son action en revendiquant « des comptes publics assainis et un modèle social français conforté ». Il a présenté la signature des accords de Paris comme un succès dans la lutte contre le réchauffement climatique et s’est félicité de l’élargissement du mariage aux couples de même sexe. Il a affirmé avoir maintenu la cohésion nationale face au terrorisme islamiste et revendiqué le déploiement des forces armées à l’étranger contre cette menace. Le Président de la République a rappelé son engagement au niveau européen et s’est présenté comme un des piliers de la survie de la zone euro et de la régulation de la finance.

François Hollande est revenu sur sa promesse de faire baisser le chômage et a annoncé que « les résultats arrivaient » même si il demeurait à un niveau trop élevé. Il a affirmé regretter sa proposition de déchéance de nationalité pour les terroristes car « ce débat a divisé les français au lieu des les rassembler ». Il a présenté son renoncement à sa réélection comme le geste d’un « socialiste engagé », conscient de ne pouvoir rassembler les forces de gauche face à un François Fillon dont le programme « met en cause le modèle social et les services publics ».

Publicité

Le premier ministre Manuel Valls a exprimé son « respect » d’un « choix digne, murement réfléchi » et s’est engagé à « défendre le bilan du quinquennat », Emmanuel Macron a salué « une attitude courageuse » et exprimé son « respect à l’égard de la personne et de la fonction », le candidat des Républicains François Fillon a souligné « l’échec patent d’un quinquennat qui s’achève dans la pagaille politique et la déliquescence du pouvoir ».

Le parti socialiste a organisé hier sa convention nationale de la belle alliance populaire, mouvement lancé en vue de l’organisation de la primaire de la gauche. Manuel Valls a annulé sa participation après l’allocation de François Hollande alors que les candidats déclarés Benoit Hamon et Arnaud Montebourg ont décidé de ne pas s’y exprimer. Le premier secrétaire du parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis y a exhorté Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon à participer à la primaire de janvier au nom de la « réalisation de l’unité de la gauche ». L’ancien ministre de l’économie a rejeté cette invitation dans une interview publié par le Journal du dimanche alors que 45% des sympathisants de gauche disent souhaiter que Manuel Valls soit le candidat du PS à l'élection présidentielle de 2017, selon un sondage Ifop.

LA VICTOIRE DE FRANÇOIS FILLON A LA PRIMAIRE DE LA DROITE ET DU CENTRE

Dimanche dernier, après avoir remporté le second tour de la primaire de la droite et du centre avec 66,5% des 4,4 millions de suffrages, François Fillon a déclaré « ma démarche a été comprise ». Il avait résumé cette démarche en une formule choc : « Casser la baraque pour la reconstruire autrement ».

Suppression de 500 000 emplois publics, augmentation du temps de travail hebdomadaire dans la fonction publique, libre négociation du temps de travail dans le privé, diminution des charges sociales des entreprises à hauteur de 40 milliards d’euros, telles sont quelques-unes des mesures qui illustrent cette formule. S’y ajoutent le projet d’une hausse de deux points de la TVA, la suppression de l’ISF, l’application stricte de la suppression des droits au chômage en cas de refus d’emplois, la dégressivité des allocations et leur plafonnement à 75%. Sur le plan de la famille, François Fillon ne souhaite pas abroger les dispositions qui permettent le mariage des couples de même sexe. Il projette de supprimer pour eux la possibilité d’adoption plénière. Enfin, il souhaite le rétablissement de la double peine ainsi que des peines incompressibles.

Sur le plan international, François Fillon a fait de la lutte contre le « totalitarisme islamique » son objectif prioritaire de politique étrangère et la base de son approche de la situation en Syrie qu’il décrit comme divisée entre ceux « qui veulent combattre ce totalitarisme et ceux qui veulent le mettre en place ». Il préconise à ce titre un éloignement de l’Arabie saoudite « à l’origine du phénomène intégriste au sein de l’Islam » et une « diplomatie réaliste » face aux russes et aux iraniens. Il s’est prononcé en faveur d’une levée des sanctions contre Moscou, de la réouverture d’un poste diplomatique à Damas et d’une politique active de soutien aux chrétiens d’Orient. Au niveau de l’Union européenne, le candidat s’est prononcé pour « l’accroissement de la sécurité, le contrôle des frontières extérieures, la maîtrise des flux migratoires et la mise en place d’une politique de défense commune ». Il appelle de ses vœux la « restauration de la confiance au sein du couple franco-allemand », étape indispensable à la mise en œuvre de ces politiques européennes.

Le Parti socialiste a reproché au député de Paris d’être « l’une des figures les plus antisociales de la droite ». Jean-Luc Mélenchon a qualifié son programme de « coup d’Etat social ». La présidente du Front National estime qu’il s’agit du « pire programme de casse sociale qui ait jamais existé ». François Bayrou, considère que le projet de François Fillon « pose de nombreuses questions aux citoyens et à notre société ». S’il n’a pas encore tranché publiquement la question de sa candidature, il a dénoncé chez Emmanuel Macron et François Fillon un « même mode de pensée qui creuse les inégalités ». Emmanuel Macron a quant à lui décelé « beaucoup de convergences » entre son propre projet et celui du président du Modem.

Brèves

Philippe MEYER : Télévisions, de Bruno Patino (Grasset, octobre 2016)

Jean-Louis BOURLANGES : Histoire des États-Unis, de René Rémond (Presse Universitaire de France, novembre 2013)

Thierry PECH a évoqué la fonte de la banquise et l'urgence climatique qui en découle.

François BUJON DE L'ESTANG : Qu'est-ce que le conservatisme, de Jean-Philippe Vincent (Les Belles Lettres, août 2016)

Michaela WIEGEL a recommandé l'écoute de l'Oratorio de Noël de Jean-Sébastien Bach