

La campagne des primaires de la droite et du centre commencera officiellement le 21 septembre // Un accord de cessez-le-feu est entré en vigueur en Syrie sous l'égide des États-Unis et de la Russie.
- François Bujon de l'Estang diplomate
- Nicole Gnesotto Historienne et politiste, Vice-présidente de l'Institut Jacques Delors.
- Michaela Wiegel Correspondante à Paris du Frankfurter Allgemeine Zeitung
- Thierry Pech Directeur général de Terra Nova
LA DROITE A L'HEURE DE LA PRIMAIRE
Aux termes des nouveaux statuts du parti Les Républicains le candidat de cette formation à l’élection présidentielle de 2017 sera désigné lors d’une « primaire ouverte » à laquelle pourront participer « l’ensemble des citoyens partageant les valeurs républicaines de la droite et du centre et s’engageant pour l’alternance afin de réussir le redressement de la France. » C’est la première fois que la droite française s’adonne à pareil exercice. Le premier tour aura lieu le dimanche 20 novembre, le second le dimanche suivant.
Sept des douze candidats à la candidature issus des « Républicains » sont parvenus à rassembler le soutien de « deux-cent cinquante élus habilités » ainsi que celui de « deux mille cinq cents adhérents », exigés par les statuts du parti. Il s’agit de Jean-François Copé, François Fillon, Alain Juppé, Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire, Hervé Mariton, et Nicolas Sarkozy.
En vertu de la règle qui accorde le droit à participer à cette compétition à d’autres groupements politiques de la droite et du centre, le Parti chrétien-démocrate alignera son président, Jean-Frédéric Poisson.
Les adhérents de l’UDI ont renoncé à plus de 60% en mars dernier à présenter un candidat à la primaire ouverte. Le MoDem a exclu cette hypothèse et son président François Bayrou soutient Alain Juppé, non sans préciser qu’il se présentera si ce dernier n’est pas désigné.
La discorde n’est pas moins vive à droite qu’à gauche et les différentes affaires judiciaires dont Nicolas Sarkozy est le protagoniste viennent ponctuellement donner à cette discorde une tonalité particulière. Si le parquet a requis début septembre le renvoi en correctionnelle de l’ancien président pour « l’affaire Bygmalion », Nicolas Sarkozy aura pu se consoler en découvrant un sondage Harris Interactive pour France Télévision publié le15 septembre, et qui le place à égalité des intentions de vote avec Alain Jupé au premier tour – tous deux à 37 %– alors qu’il était donné largement perdant il y a quelques mois.
Les quatre premiers selon ce sondage - François Fillon, Alain Juppé, Bruno Le Maire et Nicolas Sarkozy – sont partisans de la suppression de l’ISF, et des 35 heures, de l’abaissement de la fiscalité des entreprises et de la réduction des dépenses de l’Etat ou encore de l’élévation de l’âge du départ à la retraite – selon des modalités propres à chacun. Des tensions se cristallisent cependant autour des différences de projets, notamment sur des questions telles que l’identité française, dont Nicolas Sarkozy entend faire « le premier combat » de sa campagne et « un défi qu’il faut relever », proclamation à laquelle Alain Juppé répond en reprenant et en accentuant son appel à une « identité heureuse ».
LA SYRIE
Un accord russo-américain signé le 10 septembre a ouvert la possibilité d’une trêve entre le régime de Damas et les différentes factions rebelles. Le cessez-le-feu est entré en vigueur le 12. Si les belligérants le respectent pendant plus d’une semaine, des corridors humanitaires vers les zones assiégés par le régime seront ouverts et un centre de commandement commun entre forces russes et occidentales sera mis en place afin de coordonner les frappes contre les groupes djihadistes. Ces groupes, principalement l’État Islamique et le Fatah Al Cham, anciennement Front Al Nosra, sont exclues des dispositions de l’accord.
La Russie s’est félicitée de la signature d’un texte « créant les conditions nécessaires pour la reprise du processus de paix à Genève » interrompue depuis avril dernier, les États-Unis espérant qu’il « mette fin aux bombardements sans discernement, notamment à l’usage de bombes-barils » dont la population civile est la première victime.
Les rebelles syriens ont accueilli l’accord avec prudence. Le porte-parole du Haut comité des négociations Salem al-Moslet a réclamé des garanties aux États-Unis alors que la Russie, principale soutien de Damas, a jusqu’ici frappé indistinctement rebelles dits « modérés » et troupes djihadistes. Cette réclamation s’est faite plus pressante après la déclaration de Bachar el-Assad à Daraya, ville récemment reprise aux rebelles. Le président syrien y a affirmé sa « détermination à reprendre toutes les régions aux terroristes indépendamment des facteurs extérieurs et intérieurs ».
Entrée dans sa cinquième année, la guerre civile syrienne implique aujourd’hui de nombreuses factions aux alliances mouvantes : certains groupes d’opposition nouent des partenariats ponctuels avec les entités djihadistes au gré des évolutions sur le terrain. Le conflit implique également des puissances étrangères aux intérêts antagonistes : La Russie, l’Iran et le Hezbollah libanais soutenant le régime d’Assad alors que la coalition arabo-occidentale appelle à son départ tout en menant des opérations contre l’Etat Islamique et le Fatah Al Sham. Dernier protagoniste en date, la Turquie a lancé fin août une offensive dirigée simultanément contre les forces kurdes et djihadistes à sa frontière.
Selon le dernier bilan de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, la guerre civile en Syrie a causé la mort d’environ 400.000 personnes auxquels s’ajoutent 4 millions de réfugiés et 8 millions de déplacés.
Brèves
Philippe MEYER a recommandé la lecture du rapport du parlement britannique sur l'intervention franco-britannique en Libye et du Nouveau FN, de Grégoire Kauffmann (Seuil, septembre 2016)
François BUJON DE L'ESTANG : Revue des Deux Mondes de septembre 2016 (Dossier : l'Occident face à la Syrie)
Nicole GNESOTTO a recommandé la lecture des œuvres d’Émile Zola
Thierry PECH : Le Nouveau FN, de Grégoire Kauffmann (Seuil, septembre 2016)
Michaela WIEGEL : Islamic Fascism, d'Hamed Abdel-Samad (Prometheus Books, janvier 2016)
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