Les Républicains
A la fin mai, le congrès de l’Union pour un Mouvement Populaire a entériné le changement de nom de cette formation qui se fera désormais appeler « Les Républicains ». 97 440 votants se sont prononcés sur cette question, dont 83,28% se sont déclarés favorables à la nouvelle dénomination. Les militants ont également approuvé à 96,34% les nouveaux statuts, ainsi qu’à 94,77% la composition du nouveau bureau politique.
Plusieurs orateurs se sont exprimés lors du congrès, dont Alain Juppé et François Fillon, tous deux candidats déclarés à la primaire des 20 et 27 novembre 2016 qui désignera le candidat du parti aux élections présidentielles de 2017. Les deux anciens Premiers ministres ont essuyé les sifflets de partisans supposés du président du parti, Nicolas Sarkozy. La numéro 2 des Républicains, Nathalie Kosciusko Morizet, a dénoncé cette attitude en regrettant la résurgence de l’ancien parti . Dans un courrier adressé à Nicolas Sarkozy, plusieurs ténors de la formation ont estimé urgent de préciser les modalités d’organisation de la primaire , tout en admettant que le temps du débat politique pour la primaire n’est pas venu .
Mardi 2 juin, Eric Woerth a été chargé de travailler à la conception d’un programme de réforme devant servir de base aux combats politiques futurs du parti. L’ancien ministre a présenté ses pistes de réflexion dans un ouvrage intitulé Une crise devenue française écrit avec La boîte à Idées, un think-tank de droite. Il y défend une réforme de la durée légale du travail, un report de l’âge légal de départ à la retraite, ainsi qu’une fusion des régimes publics et privés de retraite. Les mesures de lutte contre le chômage qu’il propose concernent la création d’un contrat de travail unique ou encore la suppression du Salaire minimum interprofessionnel de croissance, le SMIC, auquel seraient préférés des salaires minimums spécifiques pour chaque branche professionnelle négociés entre partenaires sociaux. Il développe également les nouvelles modalités d’indemnisation du chômage que pourrait soutenir son parti. Par ailleurs, des réformes sociales sont à l’étude, comme le remplacement des différentes allocations par *une allocation de vie * unique calculée en fonction de deux critères : le revenu et le nombre de personnes à charge.
Le nouveau parti a tenu jeudi 4 juin dernier une réunion à huis clos sur « la place des religions dans la République », réunissant les responsables des trois principaux cultes. Cette réunion thématique avait été annoncée par Nicolas Sarkozy le 7 février, et devait à l’origine porter uniquement sur l’Islam en France. Les responsables du CFCM, le Conseil français du culte musulman créé à l’initiative du ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy en 2003, n’ont accepté de se rendre à cette convention qu’après la modification de son objet. Encore cette décision n’a-t-elle pas été unanime : Ahmet Ogras, vice-président du CFCM, a refusé de se joindre aux débats, regrettant que les responsables du CFCM aient été, je cite, pris en otage.
Les élections législatives en Turquie
Dimanche dernier ont eu lieu des élections législatives en Turquie. Le parti de la justice et du développement, AKP, formation islamo-conservatrice actuellement à la tête du pays, a remporté 40.7% des suffrages, soit 258 députés sur 550. Bien qu’il reste le premier parti politique du pays, c’est la première fois depuis 2002 qu’il n’obtient pas la majorité absolue au Parlement. Alors que le chef de l’Etat Recep Erdogan espérait pouvoir modifier la Constitution pour renforcer son pouvoir, il va être contraint à former un gouvernement de coalition dans le délai constitutionnel de 45 jours, faute de quoi le chef de l’Etat peut dissoudre l’assemblée et appeler à nouveau les électeurs aux urnes.
La formation pro-kurde de Selahattin Demirtas, le Parti démocratique des peuples (HDP), a remporté 80 sièges, soit 13% des suffrages. C’est une percée remarquable grâce à laquelle le Parti démocratique des peuples fait son entrée au Parlement turc. La question kurde a ainsi participé à la redistribution du paysage électoral. La victoire du HDP souligne également l’entrée des femmes au Parlement turc : le parti comptera 31 femmes sur les bancs du Parlement. De leur côté, les ultranationalistes du MHP obtiennent deux millions de votes de plus qu’il y a quatre ans et représentent 16.3% des voix.
La Turquie entre dans une phase d’incertitude politique, puisque ni le MHP, ni le HDP, ni le CHP, parti social-démocrate et deuxième force politique du pays, ne se disent favorables à une alliance avec les islamo-conservateurs. Sur le plan géopolitique, le pays se trouve dans une position délicate, proche de l’Ukraine et voisine de la Syrie. Le conflit syrien provoque des déplacements de populations immenses, la Turquie comptant plus de deux millions de réfugiés. Le contexte économique tendu aggrave ces événements. L’économie turque ne connaît plus l’embellie des années 2000. L’inflation, les déficits publics élevés, le chômage, le déséquilibre de la balance commerciale, pèsent lourdement sur les Turcs. Le revers essuyé par le parti d’Erdogan a vivement ébranlé la Bourse d’Istanbul qui a chuté de 8% à l’ouverture lundi 8 juin.
Le Président turc, élu en aout 2014, est accusé par les électeurs, d’autoritarisme exacerbé, de mégalomanie, et d’instrumentalisation de la religion. S’il a contribué à redresser le pays depuis son accession au poste de Premier Ministre en 2003, le Président actuel a polarisé davantage une société turque déjà profondément divisée entre religieux et laïcs, sunnites et alevis, Turcs et Kurdes. D’autant que le pays a aujourd’hui perdu une grande partie de son influence régionale. Selon Dorothée Schmid, spécialiste de la Turquie contemporaine, l’ère Erdogan est marquée par un recul de la culture égalitaire entre hommes et femmes, « ne représentant pas une question de législation mais de culture sociale » . Cela risque de renforcer l’éloignement des perspectives européennes du pays, d’autant que l’Etat turc refuse toujours de qualifier de « génocide » le génocide perpétré contre les Arméniens, dont le centenaire a été célébré le 24 avril dernier.
Invités
Sylvie KAUFFMANN, directrice éditoriale au journal le Monde
François BUJON DE L’ESTANG, ambassadeur de France
Marc-Olivier PADIS, directeur de la rédaction de la revue Esprit
Lionel ZINSOU, économiste franco-béninois et président d’un fond d’investissement
Brèves
Laurent COHEN-TANUGI, What's wrong with France? (Grasset, janvier 2015)
La Revue du Crieur , les Editions de La Découverte et Médiapart, quadritrimestrielle
Sylvie Kauffmann a souligné que les vétérans britanniques n'ont pas encore reçu la Légion d'honneur qui leur avait été promise lors de l'anniversaire de 70 ans du débarquement en Normandie
Lionel Zinsou a recommandé l'exposition au Musée du Quai Branly, Les maîtres de la sculpture, Côte d'Ivoire. L'exposition est ouverte jusqu'au 26 juillet 2015.
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