Jeudi 5 mai, le PS approuvait l'accord avec LFI pour constituer une "union de la gauche", emboitant le pas au PC et à EELV. Réunis sous la bannière NUPES, cette coalition espère remporter les élections législatives de juin et faire renaitre la gauche...
- Gérard Le Gall Analyste politique, ancien conseiller auprès de Lionel Jospin de 1997 à 2002, ancien responsable des études d’opinion au PS.
- Brice Couturier Membre du comité de rédaction de la revue commentaire
- Aurélie Filippetti Femme politique, romancière, ancienne ministre de la Culture dans les gouvernements Ayrault puis Valls
- Marc Lazar Professeur émérite d'histoire et de sociologie politique à Sciences po et à l'Université LUISS de Rome
Fort de ses 22% à l'élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon a réussi à imposer une alliance à gauche. En début de semaine, c'est d'abord Génération.s puis EELV, le PC et enfin le PS qui ont rejoint cette nouvelle union populaire écologiste et sociale. Avec chacun de ces partis, il a fallu débattre d'un programme et de la répartition des circonscriptions. Pour l'instant, chaque parti s'est mis d'accord avec LFI sur des "marqueurs programmatiques, comme la retraite à 60 ans, le blocage des prix pour les produits de première nécessité, la planification écologique, la VIe République". Selon Manuel Bompard, le programme devrait être définitivement établi dans le milieu de la semaine prochaine, "au plus tard".
La Nouvelle Union Populaire Ecologiste et Sociale
A ce stade, les quatre accords conclus sont semblables, mais pas identiques. Sur la question brûlante du rapport à l'Union européenne, le texte signé par EELV mentionne l'éventualité de "désobéir à certaines règles européennes". Mais les socialistes, plus frileux, ont obtenu l'ajout de l'expression "déroger de manière transitoire" aux textes de Bruxelles. Dans un autre dossier sensible, les communistes sont les seuls à avoir paraphé un accord prévoyant "la renationalisation d'EDF, d'Engie, des autoroutes et des aéroports". Avant une éventuelle harmonisation programmatique, chacun des quatre textes prend soin de préciser que les "objectifs" déjà inscrits dans l'accord "constitueront la base d'un programme partagé de gouvernement de plusieurs centaines de propositions". Le contenu précis des promesses qui apparaîtront dans les documents de campagne des candidats portant la bannière Nupes reste encore à déterminer. Au niveau des circonscriptions, le Parti Socialiste en a arraché 70, le Parti Communiste 50, La France Insoumise 326 et Europe Ecologie Les Verts 100. Le premier rassemblement de la Nupes est prévu ce samedi.
Mais au sein du Parti Socialiste, certains ténors refusent cet accord. L'ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve a annoncé qu'il quittait la formation, tandis que Jean-Marc Ayrault, également ancien locataire de Matignon, évoque un « rafistolage ». Le Parti radical de gauche a dénoncé les négociations pour une union autour de LFI. Et Olivier Veran et Stanislas Guérini ont lancé un appel aux socialistes déçus de l'accord avec LFI et leur a proposé de les rejoindre.
Une alliance historique ?
Les résultats des législatives diront s’il s’agit d’une union historique, comparable, comme l’ont avancé certains insoumis, au Front populaire de 1936 ou au programme commun de la gauche en 1972. En attendant, l’alliance de la gauche de 2022 autour de La France insoumise est inédite, tant un tel accord semblait impensable il y a encore trois semaines.
Pour rappel, Yannick Jadot et Anne Hidalgo ont eu des mots très durs à l'encontre de Jean-Luc Mélenchon durant la campagne présidentielle. Le candidat EELV a accusé le leader des insoumis de "complaisance" vis-à-vis de Vladimir Poutine. La candidate socialiste l'a quant à elle carrément qualifié d'"agent", d'"allié" et de "soutien" du président russe, qui a lancé une offensive militaire en Ukraine.
Entre les égos des leaders de chacun des partis de cette nouvelle coalition, et les divergences de fond entre les partis (sur l'OTAN, la désobéissance à l'Europe, le soutien à l'Ukraine), combien de temps peut durer cette alliance ?
La mort du Parti Socialiste ?
Né en 1971 au congrès d'Épinay des cendres de la SFIO, le PS a été un parti fort avec deux présidents François Mitterrand et François Hollande, des premiers ministres comme Pierre Mauroy, Lionel Jospin, Jean-Marc Ayrault, Manuel Valls... Le parti, qui détenait il y a peu la présidence de la République, les grandes villes, les régions et contrôlait la majorité parlementaire, a durement subi la déferlante de 2017, avec des scores électoraux historiquement bas aux législatives, puis aux européennes de 2019 et enfin à la présidentielle avec moins de 2% pour Anne Hidalgo.
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