Quel avenir pour le Parti communiste français ? // Les primaires américaines après le dernier Super Tuesday

Hilary Clinton à Brooklyn
Hilary Clinton à Brooklyn ©Reuters - Lucas Jackson
Hilary Clinton à Brooklyn ©Reuters - Lucas Jackson
Hilary Clinton à Brooklyn ©Reuters - Lucas Jackson
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Lors du 37e congrès du parti, Pierre Laurent a été reconduit à la tête du PCF et Philippe Martinez, le leader de la CGT, a été accueilli avec enthousiasme // Hilary Clinton a obtenu le nombre de délégués nécessaires pour être investie dans le camp démocrate.

Avec
  • Michaela Wiegel Correspondante à Paris du Frankfurter Allgemeine Zeitung
  • Jean-Louis Bourlanges Député Modem des Hauts de Seine, président de la commission des affaires étrangères et ancien député européen, essayiste
  • Thierry Pech Directeur général de Terra Nova
  • Sylvie Kauffmann éditorialiste au journal « le monde », spécialiste notamment des questions internationales.

QUEL AVENIR POUR LE PARTI COMMUNISTE ?

Le 37ème congrès du Parti communiste français, qui s’est tenu à Aubervilliers pendant quatre jours début juin, avait pour tâché la préparation des élections présidentielles de 2017, la remobilisation des militants et la redéfinition de la ligne du parti. Trois textes constituant le « projet de base commune », adoptés presque à l’unanimité par le conseil national du parti en mars, n’ont été finalement approuvés que par une courte majorité des militants (51,20%). Ce faible score traduit les divergences de vues avec Pierre Laurent, reconduit comme secrétaire national du parti, et partisan de l’organisation de primaires à gauche.

Le secrétaire national voudrait établir une feuille de route vers la constitution d’ici début novembre d’un « Front populaire et citoyen » qui désignerait un candidat porteur d’une alternative à la politique du gouvernement socialiste. Ce processus passerait d’abord par la rédaction d’un « pacte d’engagement citoyen » avec des partenaires politiques comme le Front de gauche, Europe Ecologie-les Verts et certains frondeurs du PS.

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Faisant fi de cette stratégie, Jean-Luc Mélenchon a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle dès le 10 février, refusant toute perspective de primaire à gauche. En 2012, le parti communiste s’était rallié à Mélenchon qui avait obtenu 11.1% des voix. Sa direction s’oppose désormais à cette candidature autoproclamée, mais le parti, avant de désigner éventuellement son propre candidat, ne peut que se souvenir que Marie-Georges Buffet ne recueillit en 2007 que 1,9% des voix.

Le déclin du parti communiste est ancien : il comptait 710.000 adhérents en 1981, 125.000 en 2004, pour descendre à moins de 53.000 aujourd’hui. Le score de Jean-Luc Mélenchon en 2012 n’a pas entrainé de bénéfice politique pour le PCF : aux élections législatives de la même année son nombre d’élus a été divisé par deux, lui laissant à peine de quoi former un groupe à l’assemblée nationale. Malgré cette désaffection, la présence du parti continue à être forte au niveau local.

La mobilisation contre la loi travail, dont le PCF a grossi les rangs, pourrait, pour certains communistes, être le moteur d’un regain d’influence. Le leader de la CGT, Philippe Martinez, a été accueilli avec enthousiasme lors de son passage au Congrès du PCF le 3 juin. La convergence entre l’organisation syndicale et le parti communiste est particulièrement forte dans ce contexte de revendication sociale, alors que la CGT appelle à continuer la mobilisation.

LES PRIMAIRES AMÉRICAINES APRÈS LE DERNIER SUPER TUESDAY

Mardi dernier, les résultats du vote dans six États - dont le plus peuplé du pays, la Californie - ont confirmé la position prééminente d’Hilary Clinton dans le camp démocrate et de Donald Trump dans le camp républicain.

Hilary Clinton a souligné sa qualité de première femme à obtenir le nombre de délégués nécessaire pour représenter un parti dans l’histoire des États-Unis. Le président Obama a fait part de son soutien en jugeant qu’ « il n’y a jamais eu de personne plus qualifiée qu’Hilary Clinton pour exercer la fonction de présidente ». Ils tiendront un meeting commun cette semaine dans le Wisconsin.

Son concurrent à gauche, Bernie Sanders, a d’abord prévenu qu’il maintiendrait sa candidature jusqu’à la convention du parti démocrate qui se tiendra à Philadelphie du 25 au 28 juillet. Toutefois, sa rencontre avec Barack Obama, jeudi, a fait bouger les lignes et le sénateur du Vermont a pour la première fois laissé entrevoir un rapprochement possible avec Hilary Clinton. Barack Obama l’a félicité pour sa campagne qui a contribué à « rendre le parti démocrate plus fort et l’Amérique plus forte ».

Beaucoup moins soutenu par son parti qu’Hilary Clinton, Trump n’en porte pas moins les principales revendications du Grand Old Party : modification de l’Obamacare, la réforme de la santé menée par Obama, mais aussi de l’accord signé lors de la COP21 à Paris ou de l’accord sur le nucléaire avec l’Iran. Cherchant à ratisser large, Donald Trump a souligné les points communs entre son programme et celui de Bernie Sanders, évoquant notamment le rejet des accords internationaux et insistant sur leur rejet commun de l’establishment incarné par le camp Clinton.

La bataille entre Clinton et Trump se déroule en grande partie sur les réseaux sociaux, où la communication laisse place à l’invective – côté Trump - ou à l’apostrophe - côté Clinton. Rappelant le projet du magnat de l’immobilier de construire un mur entre le Mexique et les États-Unis la candidate démocrate a énoncé un nouveau slogan de campagne : « Les ponts sont meilleurs que les murs ».

Le dernier vote aura lieu après-demain dans le district fédéral de Columbia à Washington.

Brèves

Philippe MEYER : Show me a hero, série créée et produite par David SIMON (2015)

Jean-Louis BOURLANGES : Journal politique, La République gaullienne (1958-1981), de Michel WINOCK (Edition Thierry Marchaisse, 2015)

Michaela WIEGEL : Goodbye Europe, de Sylvie GOUDARD (Flammarion, 2016)

Sylvie KAUFFMANN recommande deux expositions : Seydou KEÏTA au Grand Palais, jusqu’au 11 juillet.

Et Chefs-d’œuvre de Budapest au Musée du Luxembourg, jusqu’au 10 juillet.

Thierry PECH a rendu hommage à la mémoire de Muhammad Ali, le légendaire boxeur mort le 3 juin dernier.

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