Comment combattre un "djihadisme d'atmosphère", une idéologie ? En ce sinistre automne, écrasante est ainsi la mission d’Emmanuel Macron et de ses ministres. Avec ces derniers jours l'annonce de dissolutions d’associations islamistes, la fermeture de la mosquée de Pantin...
- Monique Canto-Sperber Philosophe, directrice de recherche émérite au CNRS
- Brice Couturier Membre du comité de rédaction de la revue commentaire
- Hubert Védrine Diplomate, ancien ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement Jospin et ancien secrétaire général de la présidence de la République sous François Mitterrand
- Daniel Cohen Économiste et directeur du département d'économie de l'École normale supérieure, Président de l'École d'économie de Paris
L’expression est de l’islamologue Gilles Kepel dans Le Monde cette semaine : nous voici donc passés à l’ère de la « fatwa des smartphone », avec ce sinistre effet domino désormais connu : stigmatisation d’un enseignant, irruption d’un père d’élève et d’un agitateur actifs dans l’islamosphère, effet catalyseur des réseaux sociaux jusqu’à l’entrée en scène d’un tchéchène de 18 ans né à Moscou et vivant dans l’Eure. Réfugié tchéchène dont le profil rappelle celui du jeune pakistanais attaquant au hachoir deux personnes qu’il croyait journalistes à Charlie Hebdo le 25 septembre dernier.
Un « djihadisme d’atmosphère » dit encore Kepel, qui serait aussi celui de Mickaël Harpon, citoyen bien français lui, poignardant ses collègues de la préfecture de Police de Paris l’an dernier. Et l’obligation pour l’Etat de montrer au peuple qu’il ne laisse pas ce nouveau crime traumatisant sans réponse.
Ainsi a-t-on eu cette semaine la figure imposée de la « main présidentielle qui ne tremble pas » et d’un branle-bas de combat gouvernemental : fermeture de la mosquée de Pantin, annonces de dissolutions d’associations islamistes, de contrôles plus vigilants des réseaux sociaux et des financements venus de l’Etranger. Meilleur accompagnement et protection des fonctionnaires. Création d’unités de contre discours républicains, de contre propagande sur les réseaux sociaux.
Branle bas de combat et inévitable politisation du débat : droite d’opposition dénonçant le retard pris et le laxisme coupable, extrême-droite refusant désormais de faire le distinguo entre Musulmans et Islamistes.
Autre débat : celui lancé par le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer ce matin encore dans le JDD, pour dénoncer l’islamo-gauchisme « d’une partie non négligeable des Sciences sociales françaises, qui voudraient essentialiser les communautés et les identités aux antipodes de notre modèle républicain », le ministre s’en prenant aussi au journaliste Edwy Plenel accusé de « déployer méthodiquement une stratégie de conquête des esprits dont le ressort est la haine collective de soi » et à la France Insoumise rappelée dans le même article à ses supposés paradoxes : un jour républicaine, un jour soutien des manifestations contre l’islamophobie…
Dans ce contexte, il était bienfaisant de lire en parallèle dans Le Point une toute autre approche : celle du philosophe allemand Peter Sloterdijk, suggérant de lutter contre l’idéologie mortifère de l’islamisme radical en misant sur l’humour, l’humour comme meilleur moyen de développer le système immunitaire civique de la jeunesse.
Mais avouez que cette semaine, on n’avait pas vraiment envie de rire…
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