Jeudi 24 février, la Russie envahissait l'Ukraine. Un mois après, la guerre est toujours à nos portes, 3.4 millions d’Ukrainiens sont réfugiés, des milliers de civils sont morts. Le monde entier a les yeux tournés vers l'Ukraine. Et la campagne présidentielle française tonne au bruit des canons.
- Pascal Perrineau Politologue et professeur des Universités à Sciences Po, ancien directeur du CEVIPOF
- Bertrand Badie Politiste, spécialiste des relations internationales
- Dominique Schnapper sociologue et politologue, directrice d'étude à l'EHESS
- Brice Couturier Journaliste, producteur jusqu'en juin 2021 de la chronique "Le Tour du monde des idées" sur France Culture
Selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, il y aurait 2571 victimes civiles dans le pays et 3.6 millions de réfugiés selon le Haut-Commissariat aux Réfugiés. Au sein même du pays, ce sont 6.5 millions de personnes qui se sont déplacées à cause des combats. Sous les feux des bombardements incessants, les Ukrainiens n'ont guère le choix. Il faut fuir, combattre ou survivre. Et nombre d'ukrainiens ont pris les armes pour combattre l'assaillant. Résistante, la nation est plus que jamais soudée face à un ennemi commun...
Face à ce massacre, presque toute la communauté internationale est mobilisée pour convaincre "ce criminel de guerre" (comme l'a qualifié Joe Biden) de cesser le combat. Les réunions se multiplient depuis un mois. Rien que jeudi et vendredi, trois sommets d'envergure ont eu lieu : G7, Otan, Union-Européenne. Les alliés ont une nouvelle fois, organisé leur soutien aux hommes de Volodymyr Zelensky en augmentant leur aide militaire et en prenant de nouvelles sanctions économiques à l'encontre de la Russie. Mais sans franchir "la ligne rouge de la cobelligérance", a déclaré jeudi le président de la République, Emmanuel Macron. "L’Otan a fait le choix de soutenir l’Ukraine pour arrêter la guerre sans faire la guerre", a expliqué le chef de l’État, en souhaitant "prévenir les scénarios d’escalade". Les alliés veulent à tout prix éviter une troisième guerre mondiale.
La guerre aux portes de l'Europe est dans tous les esprits. Et pourtant dans 14 jours, 48.7 millions d'électeurs sont appelés à voter pour l'élection présidentielle. Et on ne peut pas reprocher aux candidats de ne pas s'investir dans cette campagne. Pas un jour ou presque sans un ou plusieurs créneau médiatique. Matinales radio, journaux télévisés, débats sur les chaînes d’information, entretiens dans la presse et conversations avec des youtubeurs saturent les agendas comme jamais dans une élection. Seul Emmanuel Macron échappe à ce tourbillon médiatique. Erigé en chef de guerre depuis le 24 février, il a peu de temps pour enfiler son costume de candidat. Mais ses proches se chargent de faire campagne pour lui. Ainsi Jean Castex était lundi au journal télévisé de TF1. Mercredi à Nice, le meeting de soutien à Emmanuel Macron s'est tenu sans Emmanuel Macron, accaparé par la guerre en Ukraine. C'est l'ancien Premier ministre Édouard Philippe qui était la tête d'affiche. Le risque s'il est réélu c'est qu'il le sera sans avoir mené campagne...
Autre particularité de cette élection, la chute des gros partis traditionnels, Les Républicains et le Parti Socialiste. Leurs candidates respectives sont créditées de 10.5% d'intentions de vote pour Valérie Pécresse et de 2.5% d'intentions de vote pour Anne Hidalgo. Si les intentions de vote se confirmaient, les deux partis devront prendre note de leur échec et amorçaient leur transformation. Au risque sinon, trois mois plus tard d'essuyer une nouvelle défaite aux législatives...
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