Gilles Clément / Revue Ethnologie française

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Gilles Clément : L’alternative ambiante (Sens&Tonka) / Revue** Ethnologie française ** Dossier Restaurants en ville (PUF)

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C’est un manifeste dû au jardinier paysagiste inventeur de la notion de « jardin planétaire ». Comme son nom l’indique, le concept est né du constat de la finitude de notre planète, le jardin étant d’abord un espace clos. Il est aussi, par principe, ouvert à la diversité des espèces végétales, qu’il cultive et protège. D’où le rôle du jardinier, que Gilles Clément désigne comme le troisième élément du dispositif : la « couverture anthropique », synonyme d’observation, de surveillance et de connaissance. Or, nous dit aujourd’hui l’auteur, le Jardin planétaire « demande en urgence à changer de jardinier ».

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Dans un ouvrage précédent et complémentaire, le Manifeste du tiers paysage , il avait évoqué ces « espaces indécis, dépourvus de fonction », situés aux marges, en lisière des bois ou le long des routes et des rivières, là où les machines ne passent pas des surfaces dispersées qui offrent un refuge à la diversité. Tiers paysage comme Tiers état et non comme Tiers-monde, échappant à la fois à l’exercice du pouvoir et à la soumission au pouvoir. En tant que jardinier paysagiste, il a conçu et réalisé à partir de ce modèle le jardin en mouvement dévolu aux vagabondes et où les plantes se développent en liberté. On peut en voir un bel exemple à Paris, au parc André-Citroën, comme dans son propre jardin, « une friche apprivoisée », dit-il.

Ce dernier livre, L’alternative ambiante , développe la philosophie sous-jacente à cette attitude, il donne à la sagesse du jardinier – titre d’un autre de ses ouvrages – des prolongements politiques à l’échelle planétaire. La finitude écologique place l’humanité devant une responsabilité nouvelle : « se porter garante de la vie sur la planète ». À égale distance du Green business , nouvel avatar de l’empire de l’argent, du développement durable qui est encore du développement, et du droit à polluer , qui s’achète ou se vend, et qui est coté en bourse, il invite à prendre en considération, dans toutes ses dimensions, le véritable avènement dans l’histoire de l’humanité que constitue la prise de conscience du caractère fini des ressources naturelles et de la biosphère. C’est l’objet du projet politique désigné comme l’alternative ambiante.

Très concrètement, ce projet se décline à la façon d’un programme. Il commence par l’enseignement. Gilles Clément dénonce la proposition du ministère de l’Enseignement Supérieur visant à séparer l’enseignement et la recherche, car l’enseignant-chercheur enseigne ce qu’il cherche et donc enseigne à chercher. Une disposition à développer – notamment en ce qui concerne la connaissance du vivant – pour négocier le tournant qu’il nous faut prendre désormais, pour changer de modèle de convoitise et pour expérimenter « les politiques nouvelles de gestion territoriales et sociétales ». Au point de vue économique, il suggère de combattre la logique du rendement à court terme qui domine les marchés par l’introduction de monnaies complémentaires sur le modèle proposé par l’économiste Bernard Lietaer, permettant des investissements à long terme sur le principe éprouvé du « demeurage ». Exemple pratiqué avec les premiers chemins de fer, quand les compagnies se faisaient payer pour les wagons restés inutilisés sur voie, mais qui remonte à l’Antiquité, au système monétaire de la Vallée du Nil, lorsque le surplus était déposé par le paysan au temple local, qui prélevait pour ce « droit de garage » une quote-part sur son dépôt. Le paysan pouvait soit récupérer son stock l’année suivante, amputé de la part revenant au temple, soit obtenir en échange un document équivalent à une monnaie, du montant de la valeur escomptée de son dépôt, un système qui favorise l’investissement plutôt que le stockage et dynamise constamment l’économie. Éprouvées ou à inventer, les solutions existent pour résister à la course aveugle de la croissance, dont le résultat est de concentrer la richesse entre les mains de quelques uns et d’appauvrir tous les autres, tout en pillant les ressources naturelles.

Jacques Munier

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Revue Ethnologie française Dossier Restaurants en ville (PUF)

http://www.puf.com/Revues:Ethnologie_fran%C3%A7aise_2014_-_N%C2%B0_1

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