
Deux décennies après la disparition soudaine d'une jeune femme, une nuit d'incendie, Michel Pomarède retourne sur les lieux. Il questionne les mêmes proches que ceux présents dans le documentaire qu'il avait alors consacré à l'absence subite de Bénédicte, jamais retrouvée depuis. Le temps s'arrête.
Une Expérience signée Michel Pomarède, réalisée par Jean-Philippe Navarre
Depuis ce moment-là, il n’y a plus de nouvelles ? Il n’y a pas des gens qui ont été avec elle ? C’est vraiment bizarre, non ? Qu’il n’y ait pas des gens pour la soutenir quand il y a quelque chose qui se passe comme ça … Des voisins, des gens dans la rue, un café, n’importe quoi… Vous n'avez aucun indice ? Ça fait un an… presque un an… Vous n’ avez aucun indice ? Et des gens la recherchent ? La police la recherche toujours ?
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-- extrait de "Bénédicte, Bénédicte, Bénédicte", Surpris par la nuit, France Culture, 2001
Bénédicte Vincens a disparu de son domicile parisien, sur l’île Saint-Louis, la nuit du 26 février 2000. Elle avait 27 ans. Son studio a pris feu cette nuit-là. Des voisins l'ont vue dévaler l'escalier pieds nus, à peine vêtue d'une couette. Ils lui ont tendu un jean et un pull... On a retrouvé plus tard la couette sur le capot d'une voiture, dans une rue proche menant à la Seine. Puis personne n'a jamais revu la jeune femme.
En 2001, Michel Pomarède a consacré pour France Culture un documentaire d’1h30 intitulé "Bénédicte, Bénédicte, Bénédicte", comme une tentative de portrait de la disparue. Y témoignaient ses parents, ses sœurs et ses amis, l’avocate en charge du dossier, le détective qui avait enquêté à l’époque. Certains témoignages recueillis donnaient l’impression que Béné, comme tout le monde l’appelait, était quasi insaisissable. Une partie de son journal intime sauvé des flammes avait été confié par les parents de Bénédicte au producteur et lue par une comédienne. S’y racontait une jeune femme sensible, en proie à des tourments amoureux et des soucis d’avenir qu’elle semblait affronter dans une grande solitude.
Vingt ans plus tard, Michel Pomarède est retourné voir les mêmes personnes qui avaient répondu à ses questions à l’époque. Dans les mêmes lieux : sur l’île Saint-Louis à Paris, et à Chelles en banlieue parisienne au domicile de ses parents. Que sont-ils devenus ? Comment ont-ils grandi, vieilli, changé ? Comment ont-ils vécu avec l’absence de Bénédicte ? Ont-ils pensé à elle ? Et enfin, pourraient-ils imaginer sa vie si elle était toujours là ?
Les questions "Pourquoi est-ce qu’elle disparaît ?" et "Où est Bénédicte ?" scandaient le documentaire il y a vingt ans. Des questions répétées à nouveau. Aujourd’hui, Bénédicte aurait 47 ans. Mais le temps s’est arrêté : Bénédicte aura toujours 27 ans… Ce documentaire est comme le premier : un effleurement de ceux qui restent, au bord du trou béant laissé par l’absente, pour saisir l’épaisseur du temps qui a passé, approcher une sensation ou une douleur enfouies. Une trace sonore contre l’oubli.

Générique
Avec les voix de : Monique et Catherine Vincens, la mère et l'une des sœurs de Bénédicte ; Marianne une amie ; Julie Pouillon, comédienne ; Roger-Marc Moreau, détective ; André Maury, directeur de l’Agence immobilière Saint-Louis-en-l’île ; Mika, locatrice de l’appartement occupé il y a vingt ans par Bénédicte.
Mixage : Alain Joubert
Réalisation : Jean-Philippe Navarre
L’Expérience de France Culture et les Beaux-Arts de Paris
Pour chaque numéro de L'Expérience, un.e étudiant.e de l’Atelier de Joann Sfar des Beaux-Arts de Paris propose une illustration inédite. Inspiré.e par l’écoute, il ou elle réalise un dessin qui complète le geste de l’auteur du documentaire de création.
Cette illustration est signée Zoénine Laurent-Perroto.
L'équipe
