Colombie, deux ans après la signature des accords de paix. Un village autogéré d’ex-guérilleros en réinsertion, au sud du pays. Felipe Camacho signe une immersion sonore aux portes de l’Amazonie, sur le territoire d'anciens FARC, au cœur du plus grand parc national de forêt tropicale de la planète.
Une Expérience signée Felipe Camacho, réalisée par Céline Ters.
Dans l’immense maloca / replié / le Grand-Père prit la parole et conta / ce qu’une autre nuit / il entendit de l’aîné / dont la voix remontait presque aux premiers âges. / Quant à l’homme qui du pic s’empara / il tailla l’histoire / au creux de l’antique pierre / où gravée elle perdura / par-delà tous les mystères.
-- Fernando Urbina Rangel
Les “Portes de l’Amazonie”. C’est ainsi que les habitants du Guaviare surnomment leur département. Situé dans le sud de la Colombie, le Guaviare se partage avec son voisin, le Caquetá, l’immense parc naturel du massif du Chiribiquete. Surplombé en son cœur par des montagnes tabulaires vieilles de plusieurs millions d’années - les tepuys -, le Chiribiquete prévaut comme le plus grand parc national de forêt tropicale de la planète. Ses premiers habitants, les indigènes, l’appellent la “maloca du jaguar”, comme en témoignent les nombreuses peintures rupestres que leurs ancêtres ont réalisées il y a plus d’une dizaine de milliers d’années à l’effigie de cet animal sacré.
Seulement voilà, depuis la signature des accords de paix en 2016, la déforestation ne cesse de croître en Colombie : elle a augmenté de 44 % depuis cette date, et les départements du Guaviare et du Caquetá sont les plus touchés par le phénomène. Contre toute attente, la guerre a en grande partie contribué à protéger le parc et ses richesses naturelles, en les maintenant à l’écart du développement industriel. Or, depuis la fin du processus de désarmement des FARC, l’immensité de la jungle du Chiribiquete n’a pu empêcher les incendies et les tronçonneuses d’avancer dans leur marche destructrice jusqu’au cœur du parc, alors qu’il vient tout juste d’être inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.
Pour les anciens guérilleros qui avaient établi leurs bastions dans le Chiribiquete, le temps est aujourd’hui à la réinsertion. Le village autogéré de Jaime Pardo Leal se trouve à trois heures de la capitale du Guaviare, à la lisière du parc.
Conscient de l’urgence environnementale, mais aussi et surtout des difficultés économiques qui touchent les anciens guérilleros en réinsertion, Noé Gutierrez Galviz, chef du village, a pour projet de reconstituer un campement des FARC afin d’y accueillir des touristes. Une sorte de “Vis ma vie chez les FARC” qui, l’espère-t-il, contribuera à sensibiliser les gens à la lutte pour la protection de la forêt tout en créant des emplois pour sa communauté...
Générique
Avec : Taita Guillermo, Alberto Cruz, Noé Gutiérrez Galviz, José Mauricio Ávila.
Avec les voix de : Miguel Borras (le narrateur), Nicolas Lasnibat, Marie Plaçais, Tahar Boukhlifa et Rafik Zenine
Texte lu extrait de Perdido en el Amazonas de Germán Castro Caycedo (éditions Planeta, non traduit)
Musique : Daisy la guerrillera, chanson FARC
Traduction : Lara El Keilany
Mixage : Alain Joubert
Réalisation : Céline Ters
Une création sonore de Felipe Camacho et Céline Ters.
Illustration inédite : Hélène Le Cam (Atelier Joann Sfar aux Beaux-Arts de Paris)
L’Expérience de France Culture et les Beaux-Arts de Paris
Pour chaque numéro de L'Expérience, un.e étudiant.e de l’Atelier de Joann Sfar des Beaux-Arts de Paris propose une illustration inédite. Inspiré.e par l’écoute, il ou elle réalise un dessin qui complète le geste de l’auteur du documentaire de création.
Remerciements
Irène Omélianenko, pour son soutien et sa confiance.
Hernán Duderino Pérez, pour son aide.
Taita Guillermo, pour ses conseils.
L'équipe
- Production
- Collaboration
- Production déléguée
- Réalisation