Guaviare : aux portes de l’Amazonie

Illustration inédite de Hélène Le Cam, Atelier Joann Sfar aux Beaux-Arts de Paris
Illustration inédite de Hélène Le Cam, Atelier Joann Sfar aux Beaux-Arts de Paris
Illustration inédite de Hélène Le Cam, Atelier Joann Sfar aux Beaux-Arts de Paris
Illustration inédite de Hélène Le Cam, Atelier Joann Sfar aux Beaux-Arts de Paris
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Colombie, deux ans après la signature des accords de paix. Un village autogéré d’ex-guérilleros en réinsertion, au sud du pays. Felipe Camacho signe une immersion sonore aux portes de l’Amazonie, sur le territoire d'anciens FARC, au cœur du plus grand parc national de forêt tropicale de la planète.

Une Expérience signée Felipe Camacho, réalisée par Céline Ters.

Dans l’immense maloca / replié / le Grand-Père prit la parole et conta / ce qu’une autre nuit / il entendit de l’aîné / dont la voix remontait presque aux premiers âges. / Quant à l’homme qui du pic s’empara / il tailla l’histoire / au creux de l’antique pierre / où gravée elle perdura / par-delà tous les mystères. 

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-- Fernando Urbina Rangel

Peintures rupestres de Nueva Tolima
Peintures rupestres de Nueva Tolima
- Felipe Camacho

Les “Portes de l’Amazonie”. C’est ainsi que les habitants du Guaviare surnomment leur département. Situé dans le sud de la Colombie, le Guaviare se partage avec son voisin, le Caquetá, l’immense parc naturel du massif du Chiribiquete. Surplombé en son cœur par des montagnes tabulaires vieilles de plusieurs millions d’années - les tepuys -, le Chiribiquete prévaut comme le plus grand parc national de forêt tropicale de la planète. Ses premiers habitants, les indigènes, l’appellent la “maloca du jaguar”, comme en témoignent les nombreuses peintures rupestres que leurs ancêtres ont réalisées il y a plus d’une dizaine de milliers d’années à l’effigie de cet animal sacré. 

Prairies déboisées dans le département du Guaviare
Prairies déboisées dans le département du Guaviare
- Felipe Camacho

Seulement voilà, depuis la signature des accords de paix en 2016, la déforestation ne cesse de croître en Colombie : elle a augmenté de 44 % depuis cette date, et les départements du Guaviare et du Caquetá sont les plus touchés par le phénomène. Contre toute attente, la guerre a en grande partie contribué à protéger le parc et ses richesses naturelles, en les maintenant à l’écart du développement industriel. Or, depuis la fin du processus de désarmement des FARC, l’immensité de la jungle du Chiribiquete n’a pu empêcher les incendies et les tronçonneuses d’avancer dans leur marche destructrice jusqu’au cœur du parc, alors qu’il vient tout juste d’être inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. 

Espace territorial de réinsertion et de formation Jaime Pardo Leal, communément appelé le “village des FARC” par les habitants de la région
Espace territorial de réinsertion et de formation Jaime Pardo Leal, communément appelé le “village des FARC” par les habitants de la région
- Felipe Camacho

Pour les anciens guérilleros qui avaient établi leurs bastions dans le Chiribiquete, le temps est aujourd’hui à la réinsertion. Le village autogéré de Jaime Pardo Leal se trouve à trois heures de la capitale du Guaviare, à la lisière du parc. 

Ouvriers du village travaillant à la reconstitution d’un campement des FARC destiné à accueillir des touristes
Ouvriers du village travaillant à la reconstitution d’un campement des FARC destiné à accueillir des touristes
- Felipe Camacho

Conscient de l’urgence environnementale, mais aussi et surtout des difficultés économiques qui touchent les anciens guérilleros en réinsertion, Noé Gutierrez Galviz, chef du village, a pour projet de reconstituer un campement des FARC afin d’y accueillir des touristes. Une sorte de “Vis ma vie chez les FARC” qui, l’espère-t-il, contribuera à sensibiliser les gens à la lutte pour la protection de la forêt tout en créant des emplois pour sa communauté... 

Les bottes de Noé, le chef du village, accrochées à l’entrée de sa maison. En voyant Felipe prendre la photo, il lui dit sur le ton de la plaisanterie : “On n’a pas encore raccroché les bottes”
Les bottes de Noé, le chef du village, accrochées à l’entrée de sa maison. En voyant Felipe prendre la photo, il lui dit sur le ton de la plaisanterie : “On n’a pas encore raccroché les bottes”
- Felipe Camacho
Noé montre à Felipe la photo d’une ex-guérillera tenant la “tigra Sofia” entre ses bras
Noé montre à Felipe la photo d’une ex-guérillera tenant la “tigra Sofia” entre ses bras
- Felipe Camacho
"Che Guevara"
"Che Guevara"
- Felipe Camacho

Générique

Avec : Taita Guillermo, Alberto Cruz, Noé Gutiérrez Galviz, José Mauricio Ávila.

Avec les voix de : Miguel Borras (le narrateur), Nicolas Lasnibat, Marie Plaçais, Tahar Boukhlifa et Rafik Zenine

Texte lu extrait de Perdido en el Amazonas de Germán Castro Caycedo (éditions Planeta, non traduit)

Musique : Daisy la guerrillera, chanson FARC

Traduction : Lara El Keilany

Mixage : Alain Joubert

Réalisation : Céline Ters

Une création sonore de Felipe Camacho et Céline Ters.

Illustration inédite : Hélène Le Cam (Atelier Joann Sfar aux Beaux-Arts de Paris)

L’Expérience de France Culture et les Beaux-Arts de Paris

Pour chaque numéro de L'Expérience, un.e étudiant.e de l’Atelier de Joann Sfar des Beaux-Arts de Paris propose une illustration inédite. Inspiré.e par l’écoute, il ou elle réalise un dessin qui complète le geste de l’auteur du documentaire de création.

Les habitants du village jouent au foot avant la tombée de la nuit
Les habitants du village jouent au foot avant la tombée de la nuit
- Felipe Camacho

Remerciements

Irène Omélianenko, pour son soutien et sa confiance.

Hernán Duderino Pérez, pour son aide.

Taita Guillermo, pour ses conseils.

Noé, sur la terrasse de sa maison
Noé, sur la terrasse de sa maison
- Felipe Camacho
La nuit recouvre le village Jaime Pardo Leal, alimenté en électricité par un groupe électrogène
La nuit recouvre le village Jaime Pardo Leal, alimenté en électricité par un groupe électrogène
- Felipe Camacho

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