Dans les sous-sols du Musée de la musique, on découvre une "salle de quarantaine" pour décontaminer les instruments avant qu'ils ne rejoignent les collections du musée. Sébastien Martel, guitariste, et Elodie Maillot, collectionneuse de sons, y ont fait revivre des guitares et des sons d'archives.
Une Expérience signée Elodie Maillot, réalisée par Angélique Tibau
En "salle de quarantaine" dans les sous-sols du Musée de la musique sont "décontaminés" les instruments qui vont être conservés pour les siècles à venir. Elodie Maillot et Sébastien Martel se sont trouvés dans cette salle avec des guitares électriques mythiques, un ampli et des archives sonores. Un temps suspendu. Ensemble, ils ont superposé leurs mémoires et leurs sons.
Janvier 2021, les salles de concert sont fermées depuis des mois. Sébastien Martel enregistre un disque fabriqué avec des guitares électriques conservées par le Musée de la musique de Paris.
Avant d’être rangées à l’abri du temps pour incarner le patrimoine rock du futur, ces guitares passent quelques semaines en "salle de quarantaine" pour ne pas contaminer les 7 000 autres instruments en retournant à leur fonction muséale. Sans corrosion ni champignon, elles devraient pouvoir être jouées dans 200 ans...
Pour faire ce disque (à paraître en septembre 2022 sur le label Infine), Sébastien a pu extraire de la réserve du musée une petite Fender couleur crème de 1957, une Gibson "rouge coup de soleil", une Gretsch modèle 6120 Chet Atkins, une Hofner. Cette dernière qu'il décrit comme "pas très flatteuse au départ mais tranchante au final". Ainsi que la "magique" Saturne 63 qu’il a fait passer dans des boites, des boucles et un arsenal d’ampli. Son nouveau projet solo relie entre elles des pièces de musée dont il ignorait l’histoire. Comme il le dit "de quoi faire naître des masses sonores aléatoires qui vont devenir des chansons…". Elodie Maillot relate "le temps a filé, on a oublié la pluie dehors et les mois sans concert. Seb bricolait ses sons, réécoutait des idées de chansons enregistrées sur son téléphone, il jouait et rejouait, tentait, expérimentait, et moi j’enregistrais tout cela…".
Ensemble, ils ont visité la "salle de quarantaine". Elodie Maillot raconte : "on a ouvert les deux portes coffre-fort, on a soulevé les linceuls blancs en Tyvek qui recouvraient les instruments posés sur les grandes tables de métal à roulettes. Ca ressemblait vraiment à une morgue. Et la porte s’est fermée pour de bon, nous consignant avec ces guitares qui attendaient de 'finir' leur quarantaine". Une expérience commence…
Sébastien Martel est un artisan de la guitare qui mène des projets solos -Ragalet, Las Ondas Marteles, Coïtry- et met aussi ses mains au service des desseins des autres ; il est le guitariste de M, Camille, Bernard Lavilliers, Carla Bruni, Salif Keita… Même s’il veut échapper aux fantasmes glam rock, il sait bien qu’il a choisi un instrument qui "fait carburer les imaginaires et qui cristallise les histoires" !
Au sous-sol du Musée de la musique, en salle de quarantaine, il y a ces guitares dont la vie finit au musée. Elodie Maillot dispose d'un enregistreur et d'un disque dur rempli de sons, de musiques et d’interviews d’artistes enregistrés notamment au Brésil, à Détroit, à Cotonou ainsi qu'à Paris. Comme dans un match de ping-pong ou un clash de deejays, on assiste à un échange de sons et d'histoires, les musiques et les souvenirs se superposent, l’espace s’étire... comme une chanson, un rythme.
Pendant que le monde se confine, ces guitares consignées retrouvent leur liberté. Elodie Maillot et Sébastien Martel revisitent des territoires oubliés avec des sons superposés.
Pour en savoir plus
- Philharmonie de Paris, collection du musée, histoire d'instruments
- Guitar Eros, Sébastien Martel électrise les guitares mythiques du Musée de la musique, sous l’œil du réalisateur Paul Ouazan
- Label Infine
- Pam, the Pan African Music Magazine
Générique
Avec : Sébastien Martel
Réalisation : Angélique Tibau
Une création sonore d'Elodie Maillot
Remerciements
Merci aux équipes du Musée de la Musique. Merci tout particulièrement à Alexandre Girard-Muscagorry, Jean Philippe Echard et Marie-Pauline Martin, Vincent Segal, Vic Moan, Chocolate Genius, Matthieu Chedid, Matthieu Boogaerts, Enrico Macias, Mr et Mme Martel, Francesca Beneforti, l’Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou, Underground Resistance, Régis de la discothèque de Radio France et tous les artistes anonymes enregistrés au nagra.
-Nota bene : les conditions de conservation des instruments en quarantaine ont été rigoureusement respectées.-
L'équipe
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