
Depuis les rangs des manifestations jusqu'aux rondes des militantes, Felipe Camacho fait le portrait de cette société argentine en ébullition. Les militant·e·s féministes y reprennent des chants rythmés aux paroles détournées comme un hymne pour la défense des droits des femmes.
Une Expérience signée Felipe Camacho, réalisée par Jean-Philippe Navarre
À Buenos Aires, il ne se passe pas une semaine sans manifestation. Depuis 2015, des militant·e·s féministes argentin·e·s se réunissent sous la bannière NiUnaMenos (pas une de moins). Poing levé contre le viol et le féminicide et pour le droit à l'avortement, elles sont devenues le symbole de la lutte féministe dans toute l'Amérique latine et au-delà, comme en France où leurs consœurs reprennent avec force leurs chants et slogans, offrant une caisse de résonance à l’activisme latino-américain.

Les chants que les manifestant·e·s latino-américain·e·s entonnent s’inspirent directement de ceux que les supporters reprennent en chœur dans les stades de foot. Des chants aux sonorités particulières issus de mélodies populaires ou de grands tubes et dont seule l'Amérique latine détient la clé. Des chants aux paroles détournées qui sont le signe d’une société en ébullition. Des chants qui ont quelque chose de singulier : une créativité, une musicalité, un supplément d'âme.
Le patriarcat finira par tomber !
Au contraire, c'est politiser la fête !

Adaptation de "Canción sin miedo" -Chanson sans peur- de l’artiste mexicaine Vivir Quintana, par Tania Romero Barrios
Que tremblent l’État, le ciel et les rues
Que tremblent les policiers et les juges
Aujourd’hui, les femmes, nous avons perdu patience
Vous semez la peur, elle nous donne des ailes
À chaque minute de chaque semaine
Vous nous enlevez nos amies, vous tuez nos sœurs
Vous détruisez leurs corps, vous les supprimez
N’oubliez pas leurs noms, s’il vous plaît, crions-les haut et fort
Pour nos camarades qui militent en spectacle
Pour celles qui luttent les yeux pleins de lacrymo,
Pour la marée verte qui emporte tout sur son passage,
Pour nos mères qui s’insurgent sur les places
Nous chantons sans crainte, nous demandons justice
Nous crions pour chaque fille disparue
Nous crions : "nous voulons rester en vie !"
Pour qu’enfin cesse le féminicide
Je jure de tout brûler et de tout démolir
Si un jour un homme éteint tes yeux
Plus personne ne me taira, ça suffit
Qu’ils en touchent une, nous répondrons toutes
Je suis Houria, je suis Cassandre, je suis Antonia
Je suis Heidi, je suis Lucia et je suis Vanessa
Je suis la fille que tu as prise de force
Je suis la mère qui désormais pleure ses mortes
Et je suis celle qui te fera payer tes crimes
Justice, justice, justice !
Pour nos camarades qui répondent à l’appel
Pour toutes les afro-andines, migrantes et cholas
Pour l’associée des quartiers à la marge
Pour les dissidences trans et non-binaires
Nous chantons sans crainte, nous demandons justice
Nous crions pour chaque fille disparue
Nous crions : "nous voulons rester en vie !"
Pour qu’enfin cesse le féminicide
Que tremble en ses centres la terre
Au rugissement sororal de l’amour

Générique
Avec : Tania, Marylin, Fabiana, Carolina, Anita, Georgina et Carla.
Avec les voix de : Inés Dutour et Lara El Keilany
Poème : "H" de Tania Romero Barrios
Traduction : Lara El Keilany
Mixage : Valérie Lavallard
Prise de son studio : Romain Lenoir
Réalisation : Jean-Philippe Navarre
Une création sonore de Felipe Camacho et Jean-Philippe Navarre.

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