Radio JAL, les échos d'une lutte en milieu rural

Collage réalisé à partir d'archives papiers glanées à l'été 2019 au Québec.
Collage réalisé à partir d'archives papiers glanées à l'été 2019 au Québec. - Thomas Lamenca, Mathilde Simon.
Collage réalisé à partir d'archives papiers glanées à l'été 2019 au Québec. - Thomas Lamenca, Mathilde Simon.
Collage réalisé à partir d'archives papiers glanées à l'été 2019 au Québec. - Thomas Lamenca, Mathilde Simon.
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Dans les années 1970, une caravane et un émetteur au bord d’un champ ont diffusé les paroles d'habitant.e.s de trois villages de l'Est du Québec menacés de fermeture par le gouvernement. C’est toute l’histoire d’un mouvement social qui résonne dans Radio JAL. Mathilde Simon retrouve les bobines.

Une Expérience signée Mathilde Simon, réalisée par Gilles Mardirossian

Nouvelle écoute pour cette émission initialement diffusée le 20 septembre 2020

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Les villages de Saint-Juste-du-Lac, d’Auclair et de Lejeune ont émergé de la forêt québécoise dans les années 1930 à l’initiative d’une politique de colonisation intérieure. Ces installations pionnières se sont tant bien que mal développées pour devenir trois municipalités vivant sur un modèle agroforestier. Une trentaine d'années plus tard, dans un contexte de crise, elles ont risqué d'être littéralement rayées de la carte. Dans un élan de modernisation, le gouvernement québécois a envisagé la fermeture de villages considérés comme "marginaux" ou encore "médiocres", en d’autres termes : "économiquement non rentables et socialement non viables".  Ainsi a été mise en œuvre la relocalisation des populations de 96 villages vers différentes villes. Saint-Juste-du-Lac, Auclair et Lejeune faisaient parties des municipalités visées, mais leur avenir s'est avéré tout autre...

Vue panoramique depuis le village d'Auclair dans le Témiscouata.
Vue panoramique depuis le village d'Auclair dans le Témiscouata.
- Mathilde Simon

Avec l’appui de "curés en colère" et après plusieurs réunions dans les cuisines et les garages des un.e.s et des autres, les habitant.e.s de ces trois municipalités ont décidé de s'unir pour proposer une alternative : "aménager plutôt que déménager". Le comité inter-municipal du JAL - acronyme des trois villages précédemment cités - voit le jour en 1972 afin de contester les mesures gouvernementales. Comité auquel succède la Coopérative de Développement Agro-Forestier du Témiscouata au printemps 1974. Déterminée à défendre le droit de vivre au village, la population jaloise s'est engagée dans un modèle de développement communautaire basé sur différents secteurs d'activités dont celui de l’information.

Outre un bulletin hebdomadaire, les actualités locales étaient diffusées sur une radio nommée CJAL 1300 ou plus couramment, Radio JAL.

Situation territoriale du JAL -acronyme des trois villages Lejeune Auclair et St-Juste-Thomas Lamenca, Mathilde Simon.
Situation territoriale du JAL -acronyme des trois villages Lejeune Auclair et St-Juste-Thomas Lamenca, Mathilde Simon.
- Thomas Lamenca, Mathilde Simon.

À Radio JAL il n'y manque que toi. C'est pour quand ? 

Lors d'un voyage au Québec en 2019, Mathilde Simon apprend l'existence de cette radio-mobile. Elle aurait émis de 1977 à 1980 depuis le rang Saint-Grégoire, chemin rural, situé à Auclair. Le but de ce séjour devient évident : retrouver les bobines ! Elle finira par les récupérer fraîchement numérisées au sous-sol du Centre d'archives du Témiscouata. La totalité des enregistrements restaurés représente plus de 73 heures d'archives. Il va s'en dire que le montage réalisé ne constitue qu’un fragment de ce qu'a été cette aventure radiophonique.

Une sculpture de bois a été érigée dans le rang Saint-Grégoire, chemin rural à Auclair, en hommage à Radio JAL.
Une sculpture de bois a été érigée dans le rang Saint-Grégoire, chemin rural à Auclair, en hommage à Radio JAL.
- Mathilde Simon

Ce documentaire mêle des archives radiophoniques avec des entretiens contemporains afin d'explorer le témoignage direct d’une époque et d’un territoire, des jaloises et des jalois. Une place privilégiée est donnée à la parole des anciens pionniers, à celle des femmes sur le chemin de l’émancipation et à celle des jeunes faces aux incertitudes de l’avenir. L'occasion d'entendre la vie quotidienne, les préoccupations et espérances de ce "coin de pays" à l’orée des années 1980.

Un homme sur les routes de Saint-Juste-du-Lac.
Un homme sur les routes de Saint-Juste-du-Lac.
- Mathilde Simon

Pour aller plus loin

Générique

Archives sonores : Centre d'archives du Témiscouata, numérisation François Pelletier Médias.

Archives papiers :

  • Fonds du Centre d'archives du Témiscouata.
  • Fonds du Centre de mise en valeur des Opérations Dignité.
  • Rapport sur la programmation de la Radio-JAL par le comité information, UQUAR, 1974.
  • Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

Mixage : Bruno Mourlan

Réalisation : Gilles Mardirossian

Une création sonore de Mathilde Simon

Remerciements

Merci à Sylvie Nadeau, Abgaïl Rezelman, Huguette Rioux, Vallier Robert, Céline Dubé et Gaston Rousseau pour leurs témoignages.

Merci à Julie Grant et au Centre d'archives du Témiscouata pour le fonds relatif à Radio JAL.

Merci aux colocataires de la Contumance pour leur hospitalité durant ce séjour au Québec.