Bonjour. Quelques lectures sur internet où la vie des idées court plus vite.
Les psychologues qui s’intéressent à la question, ont remarqué depuis longtemps la forte proportion d’homosexuels au sein des mêmes familles. Le chercheur américain Dean Hamer a établi sur un échantillon assez représentatif que plus de 10 % des frères d’un garçon gay connaissaient la même évolution sexuelle. Cette proportion est plus élevée encore chez les jumeaux, où elle est de l’ordre de 40 à 50 % des cas. On sait aussi depuis longtemps qu’un homme homosexuel a souvent des ascendants de même orientation du côté maternel d’où l**’hypothèse d’une transmission génétique par voie matriarcale** . Cela fait longtemps que la piste d’une origine génétique de l’homosexualité est explorée. En Belgique, le neurobiologiste Jacques Balthazart défend la thèse d’une interaction entre des facteurs génétiques et hormonaux pendant la vie embryonnaire, les hormones sexuelles exerçant alors, dans le développement du fœtus, un rôle organisateur, susceptible d’être perturbé.
Hé bien il semble qu’on avance sur la voie de l’identification des chromosomes impliqués dans l’orientation sexuelle. Une étude présentée devant l’Association américaine pour l’avancement de la science à Chicago, la semaine dernière, prétend avoir identifié le gêne de l’homosexualité. Ou plutôt une région du chromosome X, appelée Xq28, susceptible de provoquer l’homosexualité. Bien sûr, la génétique n’explique pas à 100 % l’orientation sexuelle d’un individu, qui est un choix de la personne. D’autres facteurs entrent en jeu. Il n’y a pas de déterminisme biologique absolu. Mais l’origine innée de cette tendance devrait contribuer à renverser les préjugés qui en ont fait, durant des siècles, une déviance qu’on pourrait traiter, une sorte de maladie susceptible d’être combattue et « guérie ». Quant à la vieille idée psychanalytique selon laquelle l’homosexualité proviendrait d’un complexe d’Œdipe mal résolu, elle a volé en éclats depuis longtemps.
Or, comme le fait remarquer l’essayiste Nick Cohen, la découverte du « gène gay », si elle se confirme, va ébranler les divers cléricalismes, aux yeux desquels l’homosexualité demeure une perversion. Nos gènes ne sont-ils pas des « dons de Dieu » ? Notre Créateur nous aurait donc voulu homo ou hétérosexuel … ? Mais cette victoire des partisans de l’inné sur l’acquis devrait ébranler aussi, sur l’autre bord, les partisans de la « construction sociale ». S’il s’avère qu’on naît bel et bien homosexuel et non pas qu’on le devient par libre choix, comment continuer à prétendre qu’on « ne naît pas femme (ou homme), mais qu’on le devient » ?
Il n’y a pas que les cléricaux et les partisans de la théorie du genre qui risquent de se trouver bousculés par l’hypothèse d’une origine génétique de l’homosexualité. Du côté de la biologie évolutionniste, on risque d’éprouver aussi un certain malaise. Si, par définition, les homosexuels des deux sexes tendent à se reproduire moins fréquemment que les hétérosexuels, comment expliquer qu’ils n’aient pas disparu ? En persistant en proportion constante à travers les âges, ils semblent avoir, en effet, infligé un sérieux démenti à la théorie darwinienne de la sélection sexuelle . Le spécialiste canadien des neurosciences Paul Vasey soulève cette question depuis quelques temps. Il tente d’y répondre par une hypothèse qu’il a joliment baptisée de l’aide au nid (helper in the nest). Les homosexuels compenseraient leur absence de propension pour les activités reproductrices par une disposition supérieure pour les tâches éducatives.
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