Avenir maussade pour Ebdo

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J’ai beau chercher depuis vingt ans, je ne vois aucune réussite en presse généraliste, à l’exception notable de Médiapart.

Avec
  • Guillaume Erner Docteur en sociologie et producteur des Matins de France Culture

Vous investissez des milliards dans la presse et vous devenez millionnaire : c’est le dénouement qu’est en train de vivre le magazine l’Ebdo.

Alors les informations à ce sujet sont contradictoires : est-il oui ou non en dépôt de bilan ? En tout cas, après trois mois de fonctionnement, il ne lui reste semble-t-il plus un rond. 

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Mais la véritable information n’est pas là. En trois mois, l’Ebdo a consommé les bénéfices de XXI et de Six Mois. Les bénéfices de ces deux revues accumulés depuis dix ans ont été consommés en trois mois par ce magazine.

Alors bien sûr, ça n’est pas la même chose puisqu’on ne peut pas comparer XXI et l’Ebdo. XXI est un mook –  un livre magazine semestriel – alors qu’Ebdo est, comme son nom l’indique, un hebdomadaire avec un h.

Bien sûr, on peut discuter de la qualité respective de ces deux titres, des conséquences du dossier consacré par l’Ebdo à Nicolas Hulot qui aurait décrédibilisé le titre… Mais en tout cas les faits sont là : dix ans de succès en presse vous permettent de faire faillite en trois mois. 

Il est loin le temps où Jean-François Kahn lançait « l’Evénement du jeudi » sans un radis, où Libération se montait avec trois bouts de ficelle. J’ai beau chercher depuis vingt ans, je ne vois aucune réussite en presse généraliste, à l’exception notable de Médiapart

Cette situation se vérifie ailleurs, preuve que le marasme de la presse n’est pas uniquement lié à la piètre qualité possible, car après tout pourquoi l’exclure, de la presse française. C’est ainsi qu’aux Etats-Unis, à l’exception du New York Times, The Atlantic ou le Washington Post n’ont survécu que grâce à de la love money, de l’argent amour versé par des millionnaires : la veuve de Steve Jobs dans un cas, le patron d’Amazon dans l’autre. 

Tout cela montre que la presse n’a plus de modèle économique. Ce n’est pas un scoop, mais c’est quand même vraiment inquiétant. La presse ne s’achète plus parce qu’elle est vendue, mais même lorsqu’elle est officiellement vendue, et bien le public persiste à ne pas l’acheter. 

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