

J'ai une petite expertise en la matière : c’est vraiment une lutte à mort, classe contre classe.
Pour les jeunes, les plus à plaindre, c’est les jeunes. Oui, mais selon les vieux, les vraies victimes de la crise sanitaire, ce sont les vieux. Alors bien sûr, comme toujours, il y a des transclasses : pour eux, le vrai problème c’est la classe d’âge opposée. Il y a aussi les citadins quand on est un rural.
Mais moi j’aimerais en exclusivité pour France Culture désigner scientifiquement ceux qui ont le plus dégusté pendant la crise sanitaire - d’ailleurs je devrais mettre cela au présent parce que celle-ci ne parait pas s’achever - et ce sont les parents ! Et attention ! Ne croyez pas que je plaigne les parents parce que j’en suis un !
Mais enfin, personne ne se rend compte du niveau de stress, de fatigue, de lassitude... que représente la bête à picots pour un parent ! C'est aussi une manière de réactualiser la maxime de Bernanos sur le père de famille héros des temps modernes. Je ne dis pas cela en fonction de mon expérience propre, mais parce que c’est démontré en Une du Financial Times : on y retrouve un calcul du niveau de stress parental entre les familles composées d’enfants en bas âge et celle qui n’en comprennent pas.
Plus le confinement est imposant, plus le niveau de stress est grand. Et quand la pression du virus décline, le stress décline. Quand il perdure, le stress explose. Et aujourd’hui, il est absolument au maximum, puisque cela fait des plombes que cela dure et qu’au Royaume-Uni, puisque cela a été mesuré là-bas, le confinement est rigoureux.
Car les familles de petits enfants sont confrontées aux sept travaux d’Hercule : 1) Faire mettre un masque à un chepiok de six ans. 2) Laver les mains d’un individu qui déteste le contact de l’eau (et le savon je ne vous dis pas). 3) Tenter de suivre le principe éducatif qui dit pas d’écran avant trois ans, parce que l’écran, qu’est-ce que c’est mauvais (mais pour les parents qu’est ce que c’est bon). 4) Refuser de laisser ses enfants contaminer les enfants du voisin par civisme. 5) Se souvenir que non, les grands parents ne peuvent pas, ne peuvent plus garder les petits enfants, même si on essaye de les vacciner à l’eau salée. 6) Leur expliquer que le foot à 18h15 ce n’est plus possible. 7) Et enfin prier, même lorsqu’on est laïc, pour que l’on ne ferme plus jamais les écoles…
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