C’est l’autre “Don’t look up” : "L'étau de Munich"

Hitler à Munich en octobre 1933.
Hitler à Munich en octobre 1933. ©Getty - Keystone/Hulton Archive
Hitler à Munich en octobre 1933. ©Getty - Keystone/Hulton Archive
Hitler à Munich en octobre 1933. ©Getty - Keystone/Hulton Archive
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Je ne sais pas si Netflix va se spécialiser dans les parallèles avec l’actualité, mais le week-end dernier, la plateforme proposait un nouveau film, moins appuyé, plus subtil consacré aux accords de Munich en 1938, "L’étau de Munich".

"Don't look up”, je vous rafraîchis la mémoire, c'est ce film proposé sur la plateforme Netflix qui raconte une catastrophe annoncée, la rencontre de la Terre avec une comète géante. une catastrophe annoncée mais à laquelle personne ne veut croire, sauf deux scientifiques, métaphore appuyée, et même très appuyée dirais-je, du réchauffement climatique.

Eh bien je ne sais pas si Netflix va se spécialiser dans les parallèles avec l’actualité, mais le week-end dernier, la plateforme proposait un nouveau film, moins appuyé, plus subtil consacré aux accords de Munich en 1938, un film intitulé "L’étau de Munich". Or ce film, lorsqu'on le regarde aujourd’hui, ne peut pas être regardé sans que l’on songe d’un bout à l’autre à ce qui est en train de se dérouler à la frontière russo-ukrainienne. Un parallèle pourtant peu relevé à l’exception notable de Daniel Schneidermann qui y a consacré une chronique sur le site Arrêt sur images.

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Mais justement, Schneidermann est obsédé par les bégaiements de l’histoire en général et du nazisme en particulier auquel il avait consacré un très bon livre, “Berlin 1933”, un livre où il se pose la question suivante : comment avons-nous fait pour ne pas voir ? Et tout est fait aujourd’hui pour que l’on se dise : eh bien voilà comment on a fait pour ne pas voir ce qui se passe en Ukraine, c’est la réplique des sudètes, et du “je me fiche pas mal de la Tchécoslovaquie". Revoilà les questions de zone d’influence, de minorités linguistiques, d’empires renaissants ou moribonds. Tout est fait pour que l’on considère l'Ukraine aujourd’hui comme une autre Tchécoslovaquie.

Alors bien sûr, on se gardera bien de franchir le point Godwin à cette heure matinale, Poutine n’est ni Hitler ni Staline, et Biden n’est pas Roosevelt. Mais paradoxalement, pour de multiples raisons, Poutine a de bonnes raisons de vouloir se faire passer pour Staline, et ça ne déplairait pas à Biden qu’on le prenne pour Roosevelt. Autrement dit, les deux principaux protagonistes du film qui se tourne sous nos yeux, sont ravis de nous faire croire, ou de nous rappeler, que l’histoire peut repasser les plats, en d’autres termes, Godwin joue pour eux.

L’un veut faire croire qu’il va restaurer l’empire, l’autre a besoin de restaurer son prestige. Et personne ne sait si dans 100 ans, Netflix, ou son successeur, proposera à nos descendants l’étau de Kiev.

La chronique de Daniel Schneidermann : Ukraine : le spectre de Munich

Superfail
33 min

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