

Oui, je ne sais pas si vous avez passé le même week-end que moi, mais j’ai reçu moult messages de camarades évoquant le blockbuster complotiste « Hold Up ».
L’écrasante majorité pour dire à quel point le "hold-up" leur paraissait gros, énorme, un message également d’un camarade, contrastant avec le lot, m’invitant à dénoncer, je cite, la dictature sanitaire. Une foule de messages qui souligne le caractère fascinant du complotisme, s’il s’était agi d’un film scientifique, pédagogique sur le coronavirus, jamais il n’aurait eu le même écho… Car le complotisme tire une partie de son attrait, de son écho aussi de son caractère ludique.
Cette dimension-là joue à de multiples niveaux. Pour les uns il s’agit de se moquer des crédules, de ceux qui peuvent croire cela, qui achètent par exemple la scène de la profileuse dans Hold-up, une "experte" qui vous explique sur la seule foi d’une photo que cet homme a une commissure des lèvres qui montre à quel point il s’agit d’un menteur patenté. Comme s’il y avait mieux encore que le complotisme, le spectacle du complotisme, imaginer les désordres cognitifs qui peuvent conduire à adhérer à de telles visions du monde, le tout en se faisant aussi un peu peur, puisqu’évidemment tout le monde sait que les conceptions complotistes ne sont pas neutres politiquement.
"Il est finalement difficile d’adhérer en bloc à ce discours, ou de le rejeter en bloc"
Mais il existe aussi d’autres bonnes raisons de regarder Hold-up – voir par exemple comment le réel est présenté diraient les uns, escamoté diraient les autres, comment ils s’en sortent pour valider des thèses plus ou moins délirantes, je dis plus ou moins parce qu’en fait on trouve de tout dans ce film, de la profileuse à l’ancien ministre, et il est finalement difficile d’adhérer en bloc à ce discours, ou de le rejeter en bloc. C’est là d’ailleurs où ce film fait mouche – car en réalité, énormément de monde adhère à l’idée d’un complot, les uns pensent que le virus s’est échappé d’un laboratoire, les autres mettent en avant la cupidité des laboratoires pharmaceutiques, d’autres encore l’instrumentalisation politique du virus. Et c’est cela l’opération délicate, transformer ces différentes croyances en un complot global en leur adjoignant un –isme, faire en sorte que le soupçon devienne explication du monde, que les complots deviennent complotisme.
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