Celles ci se suivent et nous laissent hébétés. Il y a quelques jours, c’était à Buffalo, dans l’état de New York. Cette nuit, c’est une autre tuerie, dans une école élémentaire du Texas où 19 enfants et 2 adultes ont été tués.
Il y a quelques jours, donc, le 14 mai dernier, à Buffalo, dans l’état de New York : un jeune homme de 18 ans tuait 10 personnes noires qui faisaient leurs courses dans un supermarché, un crime raciste destiné selon l’assassin à lutter contre le « grand remplacement ». Cette nuit, c’est une autre tuerie, dans une école élémentaire du Texas, selon le New York Times : 19 enfants et 2adultes ont été tués, là aussi par un homme jeune, lui aussi âgé de 18 ans, et surarmé. Pour l’instant, nous avons pas d’autres éléments sur l’assassin. Dans l’un comme dans l’autre cas, on songe à l’expression du sociologue Jean Baudrillard, un « rogue event », un événement fou, l’un accompagné d’un délire raciste à base de pseudo concept, l’autre eh bien on ne sait pas encore…
Et ces tueries de masse ne sont évidemment pas les premières, elles appartiennent à une longue lignée qui révèle un rapport particulier des États-Unis à ce genre de violence. Le président Joe Biden a incriminé une fois de plus le rapport aux armes, et l’on sait à quel point le fait de rendre plus difficile l’accès aux armes est un enjeu politique entre démocrates et républicains, les uns et les autres s’opposant sur ce thème, ce qui paraît absolument inouï à nous autres Français, tant l’interdiction des armes semble nécessaire et urgente. Toutefois, il existe des pays où la circulation des armes ne débouche pas sur une telle violence : la Suisse par exemple, où les réservistes conservent leurs armes.
La banalisation de la légitime défense est une manière de créer des individus obsidionaux
Pourquoi les États-Unis, alors, pourquoi ce pays en apparence si cordial, où les inconnus se saluent dans les rues des petites villes ? Il y a peut-être un élément de réponse chez Hobbes, dans le pacte social. En France, par exemple, ce n’est pas seulement le port d’arme qui est sévèrement réglementé, c’est le fait que l’individu n’a que peu droit à la légitime défense, parce que la société le protège. S’il n’a pas à se protéger, c’est que la communauté est là pour cela. Aux États-Unis, au contraire, le droit de porter une arme, autrement dit la banalisation de la légitime défense est une manière de créer des individus obsidionaux, comme si chaque Américain était menacé par tous les autres : chacun se croit seul contre les autres. La succession de ces crimes atroces est l’expression d’une paranoïa, une paranoïa où la société n’est pas l’alliée, mais où la société, au contraire, est l’ennemie. Aux États-Unis, l’enfer c’est les autres mais aussi et surtout, chacun se croit seul en enfer, et c’est pour cela que c’est l’enfer...
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