Le nucléaire français peut vous redonner la foi, il n’est pas physique, mais métaphysique.
- Guillaume Erner Docteur en sociologie et producteur des Matins de France Culture
Le nucléaire français n’est pas laïc…
Non, et à défaut de réparer le lien entre l’Eglise et l’Etat, il va falloir réparer le lien entre les tuyaux d’évacuation de la vapeur de la centrale nucléaire de type EPR de Flamanville.
Alors je sais, le nucléaire vous vous en fichez, tant qu’il ne vous irradie pas. Et bien vous avez tort, parce que le nucléaire français il peut vous redonner la foi, il n’est pas physique mais métaphysique. Ce n’est pas moi qui le dit mais l’Autorité de sûreté nucléaire, dans son dernier rapport, lequel révèle un énième dysfonctionnement dans l’EPR de Flamanville.
Et je dois dire que ce rapport fait plus pour Dieu que Saint Thomas et le discours d’Emmanuel Macron aux Bernardins réunis. Que dit-il ? Que les tuyaux de l’EPR doivent être en exclusion de rupture. Je sais, dis comme ça, ça ne dit rien à personne. Les tuyaux de l’EPR doivent être en exclusion de rupture, c’est-à-dire que la probabilité de leur rupture doit être égale à zéro.
Et c’est un progrès considérable dans l’histoire des mathématiques, parce qu’en général, la probabilité d’un évènement physique n’est jamais nulle. La probabilité par exemple qu’un singe placé devant un clavier écrive du Guillaume Musso, cette probabilité est certes faible, mais elle existe. Et bien le nucléaire français, lui, a inventé les probabilités nulles, autrement dit le risque zéro. Celui dont on dit qu’il n’existe pas. La perfection incarnée, ce sont, ou ce devrait être, les tuyaux de l’EPR Flamanville.
Alors quelque chose de parfait, cela ne vous rappelle rien ? Mais si bien sûr, Dieu est parfait ! C’est même le premier terme de la preuve ontologique, formulée par Saint Anselme au XIe siècle. Dieu est un être parfait, affirmait Saint Anselme. Dieu est parfait, et s’il n’existait pas, il ne serait pas parfait. C’est donc qu’il existe, assénait Saint Anselme. Et bien le nucléaire français, c’est la même chose, le tuyau est parfait parce que sinon il ne serait ni nucléaire ni français.
Le tuyau est parfait, ou sera parfait à la parousie, pardon à la fin des temps. Maintenant vous avez compris pourquoi on n’est pas près de voir un EPR fonctionner. Dieu est mort, disait l’autre, et les tuyaux de l’EPR ne se sentent pas très bien.
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