C'est la suite de notre feuilleton "Le monde d'après avant" et "le monde d'après maintenant", puisque c'est le monde d'après et le monde d'après c'est presque déjà aujourd'hui.
Il s'agit de tourner le dos à cette mécanique infernale faite de faux semblants de luxe ostentatoire et d'écocide. Et à l'arrivée, c'est tout l'inverse. La preuve par les superyachts, ces bateaux qui n'ont rien à voir avec les yachts puisqu'ils sont beaucoup plus gros, beaucoup plus luxueux encore, et beaucoup plus chers. Un Super Fail existe à ce sujet avec Grégory Salle, qui a publié un livre intitulé "Superyachts : luxe, calme et écocide".
Avant la pandémie, il y avait aux environs de 2000 superyachts dans le monde, des bateaux de plus de 30 mètres, à plus de 50 millions d'euro pièce. Pendant la pandémie, il s'en est vendu 208 en un an seulement, un record absolu, explique le Financial Times. Disons, pour faire court, que la classe moyenne a décidé pendant la pandémie de trouver une maison avec jardin et les super riches, eux, ont décidé de craquer pour un superyacht.
Et c'est ça qui est singulier, car le vrai problème des hyper riches - comme l'a expliqué en son temps le sociologue Thorstein Veblen - est non pas de dépenser malin, c'est bon pour les pauvres, mais au contraire de dépenser bêtement, le plus bêtement possible. Or, un superyacht, c'est quand même la possibilité d'avoir une salle de yoga, alors que ce serait si simple d'en faire une à terre, une piste d'hélicoptère, parce qu'on ne va pas arriver sur un bateau à la nage, ou encore une piscine parce que ça n'est pas suffisant que le bateau soit entouré d'eau.
Si les super riches se ruent sur les supersyachts, c'est qu'ils constituent une solution définitive. Ils représentent la manière la plus radicale de se livrer à de la consommation ostentatoire. Le monde d'après est un monde peuplé de superyachts et cela, personne ne l'avait prévu. Peut-être tout cela finira-t-il comme les bulles finissent. Mais pour le moment, les prévisions étaient infailliblement fausses, jusqu'ici, les seules bulles que l'on voit crever sont celles de l'économie champagne.
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