Faire et défaire c’est toujours travailler…

Edouard Philippe répondant aux questions au gouvernement à l'Assemblée Nationale le 18/12/2018.
Edouard Philippe répondant aux questions au gouvernement à l'Assemblée Nationale le 18/12/2018. ©AFP - Lionel BONAVENTURE
Edouard Philippe répondant aux questions au gouvernement à l'Assemblée Nationale le 18/12/2018. ©AFP - Lionel BONAVENTURE
Edouard Philippe répondant aux questions au gouvernement à l'Assemblée Nationale le 18/12/2018. ©AFP - Lionel BONAVENTURE
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Y compris pour le gouvernement, c’est pourquoi annuler puis annuler l’annulation, c’est toujours faire de la politique, et c’est donc ce qu’a fait le gouvernement hier.

En début d’après-midi, on apprenait que le gouvernement renonçait à une partie des mesures annoncées par Edouard Philippe au sujet des gilets jaunes ; et puis trois heures plus tard, encore plus surprenant, on apprenait que le gouvernement renonçait à cette renonciation, il rétablissait ce qu’il avait supprimé. 

Même chose pour la société Vinci qui a annoncé lundi que les automobilistes qui avaient franchi les barrières de péages gratuitement grâce à des gilets jaunes payeraient malgré tout mais finalement non, Vinci renonce, ou plus exactement Vinci renonce parce que le gouvernement a expliqué qu’il réglerait la douloureuse… En somme encore une annulation d’annulation, le dieu du travail en France, ces temps-ci, c’est Sisyphe.

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Cela rappelle un précédent célèbre, issu non pas de la mythologie grecque mais de la mythologie chiraquienne, le très célèbre « je promulgue et puis j’annule ». En mars 2006, pour clore la crise du CPE, autrement dit du SMIC Jeune, pour faire passer à la trappe cette mesure qui avait bloqué une partie de la France, Jacques Chirac eut cette formule merveilleuse, "J'ai décidé de promulguer la loi mais je vais aussi demander au gouvernement de préparer deux modifications de la loi », autant dire qu’il n’y eut jamais de loi. 

Pour autant, l’annulation de l’annulation est-elle le retour au statu quo ante – en mathématique, à l’évidence, moins et moins cela peut faire plus, mais précisément la politique, surtout dans ces moments de crise, ce n’est pas des mathématiques mais une forme de médecine du corps social. Mais justement, quel effet a l’annulation d’une annulation en médecine sociale ? C’est le philosophe Canguilhem qui répond : « la guérison n’est pas retour à l’innocence biologique. » 

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