Fusillade à Strasbourg : complotisme et défiance détruisent notre capacité à faire société

Une opération de police est en cours dans un quartier de la ville de Strasbourg. Le tireur, toujours en fuite, est fiché S pour radicalisation.
Une opération de police est en cours dans un quartier de la ville de Strasbourg. Le tireur, toujours en fuite, est fiché S pour radicalisation. ©AFP - PATRICK HERTZOG
Une opération de police est en cours dans un quartier de la ville de Strasbourg. Le tireur, toujours en fuite, est fiché S pour radicalisation. ©AFP - PATRICK HERTZOG
Une opération de police est en cours dans un quartier de la ville de Strasbourg. Le tireur, toujours en fuite, est fiché S pour radicalisation. ©AFP - PATRICK HERTZOG
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Après le début du drame qui a frappé Strasbourg, des commentaires complotistes ont immédiatement submergé Facebook, et notamment certains groupes de gilets jaunes. Le signe d'une société fracturée.

La société française est une nouvelle fois menacée par le terrorisme… Et, doublement menacée, d’abord par cet assassin qui a frappé hier soir sur le marché de Noël de Strasbourg, mais aussi par les commentaires complotistes qui ont immédiatement submergé Facebook, et notamment certains groupes de gilets jaunes. 

De multiples messages postés sur Facebook expliquant que cet attentat ne pouvait avoir été fomenté, ou inventé, que par le gouvernement, que cette attaque, réelle ou supposée, n’avait qu’un but, éviter un acte V des gilets jaunes. Certains gilets jaunes se sont malheureusement illustrés dans cet exercice, et notamment Maxime, le gilet jaune que nous avions reçu dans les matins, mais, il faut le noter, d’autres groupes de gilets jaunes se sont émus de ces commentaires, et ont même décidé d’arrêter les forums pour éviter d’accréditer de telles thèses. 

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Il y a dans ce complotisme quelque chose d’infiniment triste : la défiance absolue dans la possibilité d’un pouvoir républicain, la croyance selon laquelle la fin justifierait tous les moyens pour l’exécutif, sont finalement le signe d’une société fracturée. Cette défiance, il faut le souligner, ne vise pas particulièrement Emmanuel Macron, elle était déjà très largement présente sous François Hollande : il ne s’agit pas d’un manque de confiance vis-à-vis de ce gouvernement, mais d’une défiance par rapport à nos institutions. 

Comme à l’époque de l’attentat de Charlie Hebdo, ou mille théories farfelues avaient été diffusées sur la toile, ces commentaires trouvent mille raisons de douter de la réalité de cet attentat. D’où ce paradoxe, la volonté de croire que personne ne serait assez méchant pour viser un marché de Noël, mais dans le même temps l’idée que le gouvernement est prêt à tout pour asseoir son pouvoir. 

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Ce scepticisme témoigne donc d’une confiance en l’humain, et d’une défiance absolue vis-à-vis de tout pouvoir, de toute autorité, comme si finalement, en accédant au pouvoir on cessait d’être homme, comme si la seule question que l’on devait se poser en permanence, était à qui profite le crime. Ce complotisme procède d’une pensée magique : le pouvoir a tous les pouvoirs. Voilà la nouvelle pensée magique, une magie qui détruit notre capacité à faire société. 

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