Voilà enfin une phrase qui va réveiller les auditeurs : "il faut des cantines sans viande". Ça change de : « il faut des universités sans islamo-gauchiste ». Enfin, ça change, mais pas tant que ça.
Car finalement, dans les deux cas, il s’agit de faire du « sans », sans viande ou sans islamo-gauchiste, mais faire du « avec » avec du « sans » puisque ce « sans » va inévitablement provoquer des commentaires.
Le maire de Lyon EELV Gregory Doucet a donc décidé de « fluidifier le service des cantines sur fond d’épidémie ». On comprend vaguement ce qu’il veut dire, mais on ne peut s’empêcher de penser que cet homme politique fait aussi de la politique. Alors je me garderai bien de me prononcer sur le fond je laisse le commentaire politique à mes camarades du service politique. En revanche, voici une remarque sur la forme. Les cantines sont devenues pour les politiques le lieu rêvé pour se battre, se battre autour de la laïcité, de l’islam, de l’écologie ou bien encore du bien-être animal. Les cantines sont là pour fabriquer du tintamarre, du buzz à coup de vaisselle ou de casserole. Car bien sûr, le maire de Lyon n’est pas moins habile qu’un autre. Il sait bien que tout ce qui se passe à la cantine va être longuement commenté. Pour le prix d’une marmite de tofu, il s’offre une vraie bonne polémique qui va lui permettre de faire entendre sa voix.
Voilà la concrétisation de ce que Christian Salmon appelait la « stratégie du clash ». Non pas faire de la politique de manière consensuelle, un menu pour chacun et une cantine pour tous, mais un menu de la discorde, mangeable par tous. C’est vrai dans ce cas, mais cela va soulever inévitablement de nombreux commentaires beaucoup plus politiques que gastronomiques. La politique gentille à la bonne mère ou père de famille, c'est fini. Des gâteaux pour tous et une douceur même quand derrière on taclait, c’était avant…
Maintenant il faut cliver, couper des tranches nettes. Parfois cela fonctionne, parfois non, mais en tout cas, c’est le style qui est désormais retenu : droite et gauche ont décidé de nourrir les trolls, même avec un menu végétarien. Et tandis que les enfants se jettent des petits suisses dans les cantines, les politiques lancent des petits Français les uns contre les autres au sujet des cantines.
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