

Que faire de la haine en ligne ? Oui la haine existait avant twitter mais les technologies ont changé le rapport à nos cinq sens, comme nous l'enseigne Marshall McLuhan.
Que faire de la haine en ligne ? Souligner que c’est quasiment une tautologie, la haine en ligne comme on dit de l’eau mouillée. Cet énoncé est probablement excessif, comme s’il était produit en ligne… C’est vrai que la haine existait avant twitter. Les lettres de dénonciation existaient avant l’apparition des réseaux sociaux et cependant le genre épistolaire ne se limite pas à cela. Aux côtés des lettres à la kommandantur, il existe les lettres à la marquise de Merteuil. Dès lors, il sera toujours loisible d’évoquer un avant, l’humanité a possédé sa part maléfique avant les réseaux sociaux, de la même façon que l’on pourra aussi évoquer les différents bienfaits et avantages des dits réseaux sociaux. Mais il n’est pas inutile de revenir parfois aux fondamentaux, autrement dit à Marshall McLuhan, l’un des premiers à avoir réfléchi à la communication moderne. L’une des idées de McLuhan consiste à dire que le medium est le message, autrement dit que chaque moyen de communication secrète un type particulier d’information, en particulier du fait du lien particulier qui se noue entre l’émetteur et le récepteur. Comme l’écrivait en substance McLuhan, les technologies ont changé le rapport à nos cinq sens.
« Hier c'était la vue, par l'alphabet et l'imprimerie. Depuis plusieurs décennies, c'est l'ouïe. Et désormais, c'est notre système nerveux central. Video-Boy a été élevé par la télévision ».
Avec les réseaux sociaux, tous les ingrédients sont réunis pour que ce système nerveux central reconstitue la horde primitive. Car la haine est aussi contagieuse que le covid, et son Ro en ligne est pratiquement sans limite. Un tweet, une vidéo, peut conduire à décapiter un homme, nous le savons hélas maintenant de science certaine. Il sera très difficile d’empêcher que cet espace de discussion ne serve pas aussi au lynchage, parce qu’il a désormais sa grammaire, sa fonction, que les réseaux sociaux sont des lieux particulièrement propices pour libérer certaines pulsions. Comme McLuhan le disait, “ce n’est pas parce que nous serons tous interconnectés dans une conscience globale grâce à des ordinateurs portables gros comme des prothèses audio » que notre vie sera meilleure. A l’époque, nous ne savions pas encore à quel point nous regretterions Gutenberg.
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