Il semblerait que Karcher en ait marre

La marque Karcher demande aux politiques de ne plus instrumentaliser l'image de son produit phare.
La marque Karcher demande aux politiques de ne plus instrumentaliser l'image de son produit phare. ©AFP - Christophe ARCHAMBAULT
La marque Karcher demande aux politiques de ne plus instrumentaliser l'image de son produit phare. ©AFP - Christophe ARCHAMBAULT
La marque Karcher demande aux politiques de ne plus instrumentaliser l'image de son produit phare. ©AFP - Christophe ARCHAMBAULT
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Mais oui, la très célèbre marque de nettoyeurs haute pression en a assez, et l’a fait savoir dans un communiqué de presse publié hier : la marque Karcher, je cite, n’est l’étendard d’aucun parti politique.

La marque Karcher tient les propos de Valérie Pécresse, où celle-ci entendait nettoyer les quartiers au Karcher, pour déplacés, en conséquence de quoi elle demande aux politiques et aux médias de cesser tout usage politique de sa marque. 

Cela signifie que nous journalistes, comme les politiques, nous pouvons persister à passer au Karcher nos vélos, après une sortie dans la boue, mais impossible en revanche de soumettre les dealers au karcher, et encore moins l’opposition ou la majorité. Karcher ne fait pas de politique, et pourtant Karcher est classé à droite depuis Sarkozy, à tort. Karcher, c’est comme Péguy, Jeanne d’Arc ou la Nation, Karcher peut très bien être de gauche. 

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J’imagine que d’autres communiqués vont suivre pour signifier que telle ou telle marque n’est pas marquée sur le plan partisan, pas plus que les pommes ne sont chiraquiennes, si cela dit quelque chose au plus vieux. Les barbours ne sont pas à droite, le caviar n’est pas à gauche – difficile de savoir si cela peut s’appliquer à tout – la Rolex peut-elle être de gauche ? Une Lip peut-elle être à droite ? 

Plus généralement, cette protestation de la marque Karcher pourrait déboucher sur une interdiction de l’utilisation métaphorique des marques et produits : impossible de dire de Jadot, Pécresse ou des autres qu’ils sont des Rolls ou les 2CV de leur camp, parler d’une gauche Quechua parce qu’elle se replie en deux minutes ou d’une droite Dyson parce qu’elle aspire tout sur son passage. Toutefois, cette protestation trouve rapidement ses limites, même sans avoir de passion pour les chiasmes dont les chroniqueurs fatigués et les fatigués chroniqueurs abusent. 

Comment empêcher les marques d’être en politique alors que les politiques sont devenus des marques ? C’est devenu un pont aux ânes dans les écoles de management, tout est marque, de Macron à Mélenchon, chaque politique peut être traité comme un produit doté d’une gamme de mesures avec sa promesse, ses promotions, et parfois aussi ses déceptions après achat. Voila la nouvelle idéologie, celle des marques, avec une doctrine complète au nom prédestiné : le Marque-sisme.

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