Alors certes, Lena Situations ne se présente pas à la présidentielle – ça fait au moins une personne dans ce pays qui n’aspire pas à devenir candidate – et cependant l’influenceuse Lena Situations a un point commun avec le candidat Eric Zemmour.
Lena Situations place les journalistes dans une position difficile. Je m’explique. Hier, Eric Zemmour a présenté ses vœux à la presse, c’est-à-dire qu’il a engueulé la presse, en soulignant le suivisme et la bienpensance des journalistes, et surtout expliqué qu’ils appartenaient au monde d’avant, d’avant les réseaux sociaux. Et Eric Zemmour d’ajouter en substance : le monde des réseaux sociaux, vous appelez cela le populisme, moi j’appelle cela la libération de la parole. Or, il se trouve que l’influenceuse Lena Situations incarne ce contournement des journalistes, en l’occurrence des journalistes de mode.
Si je n’ai peut être pas besoin de vous présenter Eric Zemmour, quelques mots sont peut être utiles pour présenter Lena Situations. Cette influenceuse de 25 ans, à laquelle Le Figaro consacre un portrait aujourd’hui, est l’une des personnes les plus suivie sur les réseaux sociaux dans l’hexagone. Son livre où elle donnait des conseils de vie aux jeunes adultes s’est arraché à 350 000 exemplaires, la critique l’a étrillé, Frédéric Beigbeder par exemple, lui reprochant de ne pas être Proust, ce qu’elle reconnaît aisément, d’ailleurs si Lena Situation était Proust, il y aurait un podcast Lena Situations sur France Culture. Mais surtout, Lena Situations a rendu absolument superflu nombre de journalistes de mode, chacune de ses vidéos est scrutée par des millions de personnes – rien ni personne n’est aussi prescriptrice dans le domaine de la mode que cette jeune femme – l’apparition des produits Dior dans ses vidéos a généré, explique Le Figaro, près de 5 millions de dollars de revenus pour la marque.
C’est tout le système de la mode qui est en péril, les journaux de mode, les critiques de mode, remplacés par des influenceurs et surtout des influenceuses, profession essentiellement féminine, le signe que quelque chose a changé, la presse ne presse plus personne, ce sont désormais les influenceurs qui détiennent le monopole de l’influence.
L'équipe
- Production
- Réalisation