Voilà une question riche et polysémique, qui se pose désormais par la grâce de la petite phrase de notre président : comment se traduisent concrètement les emmerdements mais aussi comment ils se traduisent littéralement.
Comme cela a été souvent noté, notamment sur le site du Huffington Post, le terme d’emmerdement est semble-t-il difficile à traduire en langue étrangère. Est-ce par volonté d’euphémiser ou bien par réelles difficultés lexicales ? En tout cas, les confrères à l’étranger ne savent pas bien comment retranscrire les termes d'Emmanuel Macron…
Par exemple, ce matin, chez nos confrères de la BBC, ça donnait cela :
Extrait_BBC
8 sec
Un terme vulgaire signifiant “Rendre leur vie difficile”... On ne peut pas dire que la traduction soit infidèle, elle n’est cependant pas littérale, mais comme on le sait, la traduction est toujours une trahison.
Mais en l'occurrence, cette phrase nous permet de nous rendre compte du décalage culturel, que dis-je peut-être mental, voire cognitif : les ennuis de l’existence en France sont rendus en termes scatologiques, tandis que l’anglais, en terme vulgaire, préfère filer la métaphore sexuelle, et ce notamment grâce au “F word”, très utile et parfaitement déclinable dans une grande variété de positions. Bien sûr, ce n’est pas une règle universelle, et le célèbre “Les emmerdements volent en escadrille” de Jacques Chirac pourrait fort bien être rendu par “When shit hit the fan”, métaphore toute aussi aérienne mais peut être plus imagée encore que la version chiraquienne…
Dans ces conditions, il va être bien difficile de faire une thèse là-dessus, il faut veiller à ne pas confondre les difficultés de traduction du tractus gastro intestinal avec le tractatus logico philosophicus, difficile donc de dire avec un autre philosophe, Jacques Dutronc, que les propos relatifs aux emmerdements sont nécessairement “Merde in France”.
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