Mais non je plaisante, c’est absolument impossible à imaginer. Qui aurait une idée aussi farfelue : privatiser une entreprise qui n’a pas de modèle économique et ne peut en avoir sauf à se renier elle-même ?
Privatiser une entreprise dont la valeur est impossible à établir ? Non, ça n’est pas en France que cela arriverait. En revanche, c’est un peu ce qui se dessine au Royaume Uni, ou en tout cas cela pourrait en prendre le chemin. Car Boris Johnson vient d’annoncer ce week-end que la dotation du service public de l'audiovisuel anglais serait gelée pour les deux ans à venir, et abolie en 2027.
Sans entrer dans les détails, mais pour le dire en une phrase, c’est ce que l’on appelle une déclaration de guerre, une déclaration de guerre proférée à un étrange moment puisque si l’on en croit le Guardian, il n’était pas question de l’annoncer ce week-end. Impossible bien sûr d’imaginer que cette annonce intempestive intervienne en ce moment parce que Boris Johnson se débat dans le scandale des fêtes organisées au pire moment de la crise du Covid, Boris Johnson se voyant affublé du surnom plaisant de “Party animal”. Mais comme les gens ont des idées mal placées, ils ont hélas fait le lien…
Ce qui marque une nouveauté, ce n'est pas le fait que l’on ne se contente pas de parler de politique sur le service public de l’audiovisuel, mais le fait que le thème même du service public de l’audiovisuel devienne politique. Une vraie nouveauté, que cette volonté de faire la guerre à ce secteur perçu comme un ennemi.
Alors ,bien sûr, il existe des médias indépendants, des médias privés, de grande qualité, en Angleterre comme ailleurs. Mais enfin, l’agenda est tout de même étonnant : à une époque où les “communs” témoignent de l’utilité, dans le domaine de l'hôpital ou de l’énergie, annoncer le début de la fin de l’audiovisuel public, voilà qui est tout de même étonnant. Car la BBC n’est pas un média d'état, c'est un média public. Entamer son pouvoir, c’est accroître le pouvoir d’autres médias, de Poutine TV à “n’importe quoi TV”, diffusée sur Twitter ou Youtube, laissant le champ libre à la pandémie de désinformation. Mais enfin, ça ne serait pas la première fois que Boris Johnson faciliterait la diffusion d’un virus qu’il aurait mieux fait de combattre.
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