

C’est une triste nouvelle, Laurent Bouvet nous a quittés samedi à l'âge de 53 ans, il avait encore beaucoup de livres à écrire et de combats à mener. Comprendre l’époque, c’est nécessairement se plonger dans le travail de Laurent Bouvet.
Car les combats qu’il a menés, dans ses ouvrages comme « L’insécurité culturelle », comme dans la fondation du Printemps Républicain, sont au cœur des débats actuels. Ce politiste s’est inscrit dans dans une suite de penseurs venus de la gauche insatisfaits de la manière dont la gauche menait le combat contre le Front National et ce, dès l’époque du Front National du père, je veux dire de Jean-Marie Le Pen. Laurent Bouvet considérait que la condamnation morale du vote FN était non seulement contre-productive, mais constituait en soi une faute morale, puisqu’elle aboutissait à ignorer les raisons de ceux qui votaient FN, repoussant ces électeurs du coté de la déraison, de la pathologie, ou du racisme.
Dans l’un de ses ouvrages, « L’insécurité culturelle », paru il y a 7 ans, Laurent Bouvet expliquait qu’une partie de la France redoutait qu’on lui fasse abdiquer ses croyances ou son mode de vie. A ses yeux, il ne s’agissait pas d’un jugement de valeur, mais d’un jugement de fait : ces peurs existaient, il fallait en tenir compte. C’est parce qu’elle n’avait pas réussi à le faire que la gauche se révélait incapable de les apaiser.
Alors bien sur, on peut penser que cette notion d’insécurité culturelle aurait pu être précisée, mais ce livre a prouvé son importance par les polémiques qu’il a déclenchées, signant l’existence de vraies polémiques entre deux gauches, l’une accusant l’autre de ne plus être de gauche. Seul cet antagonisme explique qu’un livre plutôt modéré déclenche des réactions aussi fortes. Dans ces pages, on cherchera en vain une invitation aux socialistes à déjeuner chez les Le Pen ou à dîner avec Zemmour. Encore une fois, Bouvet ne se demandait pas si cette insécurité culturelle est objectivement fondée, ou bien s’il faudrait parler de sentiment d’insécurité. Face à ce spectacle, il prétend constater et le voilà jugé pour ne pas avoir voulu condamner.
La disparition de Laurent Bouvet pourrait être l’occasion de lire ou relire ce livre important, pour prolonger le débat, que l’on soit d’accord avec lui ou pas, bien sûr. Faire polémique, c’est toujours une manière d’être vivant.
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