C’est hélas ce dont témoigne la disparition de Miss Tic, une disparition commentée par tous vos journaux mais d’abord par "Le Parisien" puisque sans elle Paris sera toujours Paris mais pas le même Paris.
Elle avait fini par devenir le visage de nos murs ou plus exactement ses silhouettes. Un peu partout dans la capitale, on découvrait cette femme brune au cheveux longs, visage de la colère, jamais domptée comme le chantait le groupe Bijou, jamais domptée puisqu’indomptable, clamant par exemple “les lâches ne nous lâcheront pas” ou bien encore “j’enfile l’art mur pour bombarder des mots cœurs”.
Et Le Parisien de relater notamment comment les politiques viennent tour à tour honorer la mémoire de Miss Tic, ce qui relève malgré tout d’une belle ironie : tout le monde est là dans les colonnes du Parisien à pleurer la disparition de cette femme, les maires d’arrondissement et même le FRAC, Fonds Régional d’Art Contemporain. Quelle ironie pour celle qui a été condamnée pour graffitis illégaux, ironie aussi pour celle qui jadis était considérée avec les autres professionnels du “Street Art” comme une non artiste…
Le trajet de Miss Tic permet de comprendre comment un art d’avant garde pour devenir accepté par tous, diront les uns, mainstream diront les autres, combien de temps il faut pour passer du rang d’expression marginale au rang d’artiste reconnue, voire d’institution. Miss Tic c’est une page de l’esthétique post punk, une esthétique à l’origine parfaitement marginale devenue ensuite appréciée par tous. Miss Tic a ainsi été adoubée par la mode, prêtant ses pochoirs à Kenzo et à Vuitton notamment. Miss Tic était à ce point timbrée qu’elle devint une artiste célébrée par la poste qui proposa des timbres ornés de ses pochoirs en 2011.
Bref, Miss Tic le montre, l’avenir de l’avant garde c’est d’avance et donc de cesser de l’être, ce qu’il y a de moins facile pour un artiste c’est de demeurer marginal sa vie durant, même si dans le cas de Miss Tic, le murmure était un cri, et puis ce cri devient une ambiance, il apparait dans les villes, puis devient la ville même, c’est arrivé à Rimbaud, à Van Gogh et à Basquiat : les artistes commencent dans le détournement et finissent en monument.
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