

L’album Panini est le premier contact de l’enfant avec le capitalisme, les premières dépenses d’argent poche, d’où la découverte de la fondamentale du capitalisme : son caractère profondément déceptif.
Je dois d’abord expliquer à ceux qui n’ont jamais été jeunes, ce que sont les figurines Panini. C’est un album vendu généralement quelques sous, sur lequel on colle des images de footballeur vendues par pochette, chaque pochette valant généralement quelques sous, mais la somme nécessaire pour compléter chaque album coûte une fortune…
L’album Panini est le premier contact de l’enfant avec le capitalisme, les premières dépenses d’argent poche, d’où la découverte de la fondamentale du capitalisme : son caractère profondément déceptif. L’album Panini permet de comprendre, longtemps à l’avance, que la voiture désirée n’aboutira pas au style de vie décrit dans la publicité mais plutôt à une vie dans les embouteillages, que le tapis commandé qui avait l’air si beau sur la photo ne ressemble à rien dans le salon, et que l’image de Messi qui permettrait d’achever l’album ne vient jamais, absolument jamais, ce qui suppose des dépenses qui pèsent atrocement lourd dans le cartable pour n’arriver à rien.
En somme ─ et, là, la somme est lourde ─ les figurines Panini sont le premier contact avec l’arnaque, comme si tous les bonbons achetés à l’âge tendre, étaient des bonbons au poivre. C’est vrai, cela pourrait servir de leçon sauf que les enfants n’apprennent pas leur leçon et c’est cela le problème.
Sauf que voilà, les enfants ne sont pas les seuls perdants avec les figurines Panini. Le Parisien nous apprend aussi que cinq anciens footballeur professionnels attaquent Panini pour avoir, je cite, exploité leur image sans leur reverser la somme qu’ils estiment juste. Et l’on apprend que ces pros reçoivent, en échange de leur transformation en autocollant, 200 à 300 euros par an, ce qui pour un footballeur doit représenter l’équivalent du papier d’emballage d’un Carambar.
Alors, en un sens, les enfants d’aujourd’hui comme ceux d’hier ne seront peut-être pas mécontents d’apprendre qu’ils n’ont pas été les seuls à avoir été arnaqués par Panini, les joueurs de foot eux aussi l’ont été. Voilà une bonne manière de dire qu’il n’y a pas que des jeux « win win » dans la vie, qu’il en existe aussi d’autre « lose lose », où tout le monde perd, où l’on peut être sage comme une image et attendre vainement l’image manquante.
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