

C’est Malraux qui disait cela, lui qui avait perdu deux de ses fils dans un accident de voiture. La mort d’un enfant, c’est un scandale métaphysique, quel que soit le prénom de l’enfant, en Syrie, en Ukraine ou en France.
C’est un scandale métaphysique, qu’il s’appelle Lola ou bien que l’on ignore son prénom, comme cet enfant qui ne s'appelle pas et que les médias désignent sous le nom de "l’enfant autiste". Voilà une affaire d’une tristesse infinie, je cite France Bleu, "un enfant autiste de 11 ans a été retrouvé mort à Marseille", sa mère a reconnu avoir frappé son fils à mort, elle ne supportait plus les crises de son enfant handicapé. N’étant pas dans le secret de l’évènement, j’ignore évidemment ce qui a conduit cette femme à perpétrer cet acte, mais je trouve inouï que la mort de cet enfant privé de prénom suscite si peu d’émoi.
Notre époque est particulièrement prompte à se pencher sur les faits divers, très bien, il faut vivre avec son époque, n’importe quelle affaire "Durand de je ne sais quoi" occupe désormais des bibliothèques entières. Pourtant, là, cette mort d’un enfant semble n'intéresser personne, alors même qu’elle pourrait être, j’emploie évidemment le conditionnel, qu’elle pourrait être infiniment plus significative que de nombreux faits divers. Si j’ai du mal avec les faits divers, c’est parce que je m’en tiens à la jurisprudence Bourdieu, lui qui estimait que le "fait divers fait diversion". Mais ici, justement, la mort de cet enfant autiste masque peut-être, masque probablement un océan de tristesse, de détresse et d’abandon.
J’imagine, j’ai peut-être tort, mais j’imagine qu’il y a là une preuve supplémentaire du sort que l’on réserve aux personnes handicapées en général, aux enfants handicapés en particulier. Il y a l’expression de société inclusive, c’est une expression assez laide, assez techno et, cependant, elle pourrait désigner une belle chose, signifier que notre société a atteint un niveau de richesse, de développement et d’humanisme pour prendre en charge collectivement les plus faibles. C’est un bel objectif, je vois mal au nom de quelle passion avouable on pourrait s’y opposer. La mort de l’enfant anonyme nous rappelle que nous en sommes loin, comme disait l’autre, "Français encore un effort pour être humanistes".
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