Un maillot adjugé aux enchères 9,3 millions de dollars, c’est pas cher pour le maillot porté par Maradona lors du match contre l'Angleterre pendant la Coupe du monde de football 1986.
C’était ce maillot que portait Maradona lorsque, pendant le match qui opposait l’Argentine à l'Angleterre, à la 51 e minute, Maradona marqua en s’aidant de la main à l’insu de son plein gré, geste qui, je vous le rappelle à toutes fins utiles, est interdit au football. Maradona avait qualifié ce geste de “main de Dieu”…
Tout cela pour vous dire que 9,3 millions de dollars pour le maillot qui a touché la main de Dieu, ça n’est pas si cher que cela. J’imagine, question sacrilège, que s’il fallait donner un prix au Saint suaire celui ci serait oligarquesque, alors 9 patates pour le maillot de la patate divine pourquoi pas.
Mais pas cher par rapport à quoi ?… Eh bien le journal Le Monde m’a fourni la réponse quelques jours plus tôt, en rapportant l’existence d’une autre vente aux enchères concernant des sacs, des sacs à main. L'article était titré “le sac hermès, un placement de luxe qui s’arrache”. Et cet article d’expliquer qu’un sac à main à 17.000 euros était, je cite, un bon plan, ou bien encore qu’un modèle Birkin, parce que la chanteuse l’a popularisé, avait été vendu 176.000 euros, c’est pas donné d’arracher un tel sac.
Le maillot Maradona comme le sac Birkin révèlent deux faits au moins : le premier, nous vivons dans la dernière société primitive du monde, susceptible de vivre à l’heure du fétichisme, donnant une valeur folle à un objet de grande consommation, au prétexte qu’il a été porté par Maradona, nommé par Birkin ou siglé par Hermès - vous imaginez si Maradona avait marqué un but avec un sac Birkin ?…
Mais aussi, seconde remarque, ces enchères donnent tort à Walter Benjamin. Car ce philosophe prophétisait, il y a un siècle, la disparition de l’aura, l’aura liée à l’objet d’art à l’heure, disait-il, de l’industrie mécanisée. Eh bien Benjamin avait tort : le maillot de Maradona, passe encore, il a été touché par la sueur du demi dieu, et, à cet égard, il est unique, mais ces sacs à mains, eux, ils sont multiples et pourtant ils se vendent une fortune. Preuve que le fétichisme humain a véritablement plus d’un tour dans son sac.
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