La bienveillance, vertu politique ?

France Culture
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Je sais bien que l’élection d’Emmanuel Macron est souvent résumée en deux chiffres : 39, un président de 39 ans, signe d’un renouveau. Oui mais voilà, le nouveau n’est pas une idée nouvelle – d’où cette question : où se situe la nouveauté dans le macronisme ?

Dans un mot probablement, celui de bienveillance, un terme inédit en politique où l’on a coutume de dire que l’univers est régie par une dichotomie simple entre l’ami et l’ennemi.

La bienveillance rompt avec cette alternative. C’est une nouveauté en politique, dans la forme déjà, comme ne pas siffler dans les meetings, comme ce souhait de rompre avec l’ironie, ainsi que l’a expliqué Emmanuel Macron hier dans son discours à Paris, au Louvre, au soir de son élection. Car nous sommes une nation ironique, de Voltaire à Stendhal, une nation dominée par cet esprit qui toujours nie selon le mot de Goethe cher au Général de Gaulle.

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Une politique bienveillante est-elle possible ? L’hypothèse n’aurait pas nécessairement surpris Machiavel puisque le florentin considérait en substance que l’ensemble des malheurs de l’homme provenait du fait qu’il n’était pas suffisamment bon ou suffisamment pervers. Mais une fois de plus les notions en vogue sur le plan politique font écho aux mouvements souterrains de la société. Car contrairement à ce qu’ont dit des commentateurs nécessairement non bienveillants, Macron n’a pas puisé la bienveillance chez le Christ mais ailleurs, dans Star Wars par exemple, chez le Jedai. Le sage aux oreilles pointues de la Guerre des étoiles considère que la pensée positive façonne une force positive. Et l’on retrouve un plaidoyer en faveur de la bienveillance depuis le new âge jusqu'à la pensée positive pleine de “free hugs”, des caresses gratuites.

Reste à voir si le choix du nouveau président de brandir la bienveillance suscitera la bienveillance d’un pays généralement peu bienveillant pour ses politiques.

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