La réalité en politique

Emmanuel Macron
Emmanuel Macron ©AFP - PHILIPPE LOPEZ / AFP
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A gauche comme à droite, chacun clame connaître "la réalité" mieux que l'autre. Mais si chacun a sa réalité, comment construire le réel ?

La réalité est désormais revendiquée de Nicolas Sarkozy à Emmanuel Macron. Nicolas Sarkozy écrit ainsi dans TPLF – Tout pour la France – que 2017 doit marquer la fin du déni français de la réalité, un point de convergence avec Emmanuel Macron, puisque ce dernier se réclame de la « gauche du réel », en opposition j’imagine avec la gauche irréelle ou la gauche au-delà du réel, la gauche fantastique en quelque sorte. La gauche du réel, selon Emmanuel Macron, c’est probablement une gauche pragmatique, qui voit la réalité telle qu’elle est, autrement dit qui n’a pas ses sens modifiés par le manque de sommeil, la nuit debout et autres expériences. Entre parenthèse, il est tout de même curieux de se réclamer de la « gauche du réel », le jour ou l’on songe à légaliser le cannabis, puisqu’Emmanuel Macron a dit hier étudier la question. Peut-être pense t-il que le recours au cannabis est une manière de supporter le réel…

Reste toutefois à s’interroger sur la réalité de cette réalité, pour reprendre une expression cher à Edgar Morin. Car bien entendu, rien n’est plus difficile à trouver que la réalité, ceux qui pensent qu’il existe quelque chose d’univoque comme la réalité vivent dans l’irréel. Derrière cette invocation de la réalité, on reconnaît bien sur le vieux truc de rhétorique qui consiste à dire que l’on est seul à décrire le monde tel qu’il est, tandis que les autres s’aveuglent avec leur idéologie : l’idéologie, c’est bien connu c’est l’erreur des autres… Rares sont les hommes politiques susceptibles d’invoquer leur idéologie et leur passion pour une représentation chimérique du monde extérieur. Pourtant, il n’est pas évident de se mettre d’accord sur une réalité de la réalité, Lacan considérait ainsi que le réel n’était pas la réalité. Chez Lacan, la réalité est « le discours qui décrit et crée une vision du monde », ce qui veut dire qu’il y aurait une réalité Macronnienne et une autre Sarkozyste.

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Mais si chacun a sa réalité, comment construire le réel ? Et d’ailleurs est-il souhaitable de se mettre d’accord sur un réel véritablement réel. Je vous rappelle que pour Freud, le déprimé a le monopole du réel, puisqu’il voit, je cite Freud, la réalité telle qu’elle est.

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