

La réponse est « oui », évidemment, pour toutes les familles et toute l’éducation nationale aussi. Un cri unanime qui va du "Parisien" du jour aux livres censés aider les parents à savoir que faire des écrans vis-à-vis de leur progéniture, et on en reçoit de plus en plus.
Que celui qui n’a jamais eu à régir les rapports de ses enfants avec les écrans me jette le premier smartphone. Si vous n’avez pas de souci de portable avec votre enfant, c’est que vous n’avez probablement pas d’enfant. Car jusqu’ici, on connaissait les paniques morales, ces moments où une question morale suscite des frayeurs parmi le grand nombre ; voici aujourd’hui, les paniques cognitives, l’idée plutôt inédite selon laquelle un objet s’attaque au cerveau de notre progéniture.
Le portable crée une panique cognitive, au sens propre comme au sens figuré : il grillerait le cervelet des plus jeunes avec ses ondes nocives, provoquerait des courts circuits dans le cerveau par la place qu’il occupe dans la paume de la main de l’enfant, comme si une catastrophe nucléaire avait provoqué une mutation de l’espèce, avec désormais de jeunes individus dotés d’un bras, une main et un portable.
Cette panique cognitive est nouvelle. Jamais on avait redouté que les générations suivantes ne puissent plus apprendre, qu’elles deviennent incapables de se concentrer. Celle-ci est nourrie par de nouvelles légendes urbaines, par exemple celle selon lesquelles les industriels de la Silicon Valley refusent de laisser des écrans à portée de leurs rejetons.
Oui mais voilà, une fois de plus, les enfants nous servent d’adultes en réduction. Les adultes se servent des enfants pour oublier leurs propres problèmes. En expliquant que les enfants sont obsédés par les marques, les adultes peuvent ainsi oublier momentanément leur rapport à la société de consommation, comme si les enfants étaient seuls à passer leur vie à tapoter. L’écran des enfants sert à faire écran entre les adultes et leurs problèmes.
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