Les français aspirent à une dictature…

Quatre figurines représentant Francisco Franco, Joseph Stalin, Adolf Hitler.
Quatre figurines représentant Francisco Franco, Joseph Stalin, Adolf Hitler. ©Getty - SOPA Images
Quatre figurines représentant Francisco Franco, Joseph Stalin, Adolf Hitler. ©Getty - SOPA Images
Quatre figurines représentant Francisco Franco, Joseph Stalin, Adolf Hitler. ©Getty - SOPA Images
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Les français aspirent à une dictature… Oui, c’est ce que j’ai lu dans un demi sommeil, c’était il y a deux jours. Vous savez comment c’est : vous ouvrez l’œil et vous voyez une info, enfin quelque chose qui se présente comme ça, sur l’appli "actualité" de votre téléphone.

Les français aspirent à une dictature… Oui, c’est ce que j’ai lu dans un demi sommeil, c’était il y a deux jours. Vous savez comment c’est : vous ouvrez l’œil et vous voyez une info, enfin quelque chose qui se présente comme ça, sur l’appli "actualité" de votre téléphone : les Français voudraient être gouvernés par un militaire.  Plus précisément, sur l’appli de mon téléphone, cela donnait : 50% des Français favorables à l'arrivée d’un militaire au pouvoir en cas de nouveaux attentats… Une volonté pas particulièrement anodine puisque l’on peut imaginer qu’un jour d’ici à 50 ans, il y aura de nouveaux attentats, ce qui voudrait dire qu’il faudrait que l’on s’habitue vous et moi à vivre sous un pouvoir militaire, avouez que ça n’est pas une mince information… 

Du coup, je me suis dit que cela méritait d’aller voir d’où cette information considérable sortait. Il s’agit d’un sondage Odoxa effectué pour la sortie d’un livre, un livre de politique fiction, ou il est question de militaires prenant le pouvoir - heureusement que ce livre ne prévoit pas des bébés découpés en tranche, parce que vous imaginez le sondage… Donc ils se sont dit : cool, on va tester l’hypothèse en posant huit questions à un échantillon de Français. Et ce qui est très intéressant, c’est que cette idée de donner le pouvoir à un militaire est la huitième question, qui arrive lorsque l’échantillon a été préparé par toute une série de questions toutes plus anxiogènes les unes que les autres. 

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Je vous donner un exemple. La deuxième question : "Face au risque terroriste, certains estiment qu’il faut voter de nouvelles mesures d’exception pour mieux assurer la sécurité des Français, quitte à limiter leurs libertés. Y êtes vous favorable ?" Et face à une interrogation aussi angoissante, finalement, les individus répondent de manière plutôt mesurées, 55% oui, 45 % non. C’est un peu comme si je vous disais : "accepteriez-vous, pour sauver la vie d’un enfant innocent, que l’on limite temporairement vos libertés? On vous pose la question dans un sondage, vous avez envie de vous débarrasser du sondage, ça vous ennuie, vous répondez oui machinalement. Et finalement, on aboutit à l’apothéose, la question 8 : "Si la France était confrontée à de nouveaux attentats terroristes, seriez-vous favorable à ce que l’on nomme, temporairement, un militaire à la tête du pays ?" Avec, là aussi, des réponses très partagées : 50 % oui, 49 % non, alors que la question peut avoir la palme des questions obscures. 

Car enfin dans cette question il y a le très étrange "on nomme". Mais qui nomme le chef de l’État? Et surtout le "temporairement". "Temporairement" combien de temps? Et voilà comment on en arrive a poser une question qui ne se posera jamais, autrement dit à instiller dans l’opinion l’idée selon laquelle les Français aspirent à des solutions fascistoïdes, un peu comme si l’on créait le sondage performatif, non plus pour mesurer l’opinion, mais aussi pour la préparer. 

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