Les révolutions arabes ou les révolutions Twitter

Capture d'écran du compte Twitter de Donald Trump.
Capture d'écran du compte Twitter de Donald Trump. ©Getty - SOPA Images
Capture d'écran du compte Twitter de Donald Trump. ©Getty - SOPA Images
Capture d'écran du compte Twitter de Donald Trump. ©Getty - SOPA Images
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Il n’y a peut-être qu’un point commun entre Trump et les révolutions arabes, c’est leur puissance de subversion des formes traditionnelles, de pouvoir mais aussi de communication.

Peut-on dire quelque chose et son contraire à quelques jours d’intervalle ?

Certes Trump n’est pas envisageable sans Twitter et les réseaux sociaux – son apparition en politique était consubstantielle à l’apparition de ces nouveaux moyens de communication. Même chose pour ce que l’on appelle les révolutions arabes - ce mouvement dont nous célébrons aujourd’hui les 10 ans. Alors peu importe que l’on juge que Trump incarne une menace contre la démocratie tandis que les révolutions arabes incarnaient, à l’origine en tout cas, une aspiration démocratique, au-delà de leurs évolutions respectives… Car il n’y a peut-être qu’un point commun entre Trump et les révolutions arabes, c’est leur puissance de subversion des formes traditionnelles, de pouvoir mais aussi de communication, l’un comme les autres sont parfaitement sortis des vecteurs classiques de communication pour assoir leur pouvoir… 

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Et c’est cela qu’a expliqué dès 2011 une chercheuse turque émigrée aux Etats-Unis, Zeynep Tufekci. Vous pouvez d’ailleurs réentendre son interview dans Les Matins il y a quelques mois. Zeynep Tufekci a été la première à comprendre que plus rien ne serait identique, dans les démocraties comme dans les dictatures, avec l’apparition des réseaux sociaux. Et elle l’a fait dans un ouvrage prophétique, "Twitter and Tear gas", "Twitter et les gaz lacrymogènes". Ce livre prévoit, quelques années avant leur apparition, des phénomènes aussi divers que Trump ou les gilets jaunes – parce que cela fait peut-être des décennies qu’il y a des populistes et ou des révoltes populaires, mais celles que nous connaissons aujourd’hui ont des dynamiques inédites. Comment expliquer ces révolutions ou cet outil révolutionnaire ? Une formule de Tufekci me paraît particulièrement éclairante – ce qui compte particulièrement dans les réseaux sociaux, explique-t-elle en substance, ce n’est pas le « speech » mais le « reach », moins la nature du discours que l’audience dont celui-ci peut bénéficier. Et c’est cela qui change tout – un tweet peut faire le tour du monde sans le secours du moindre relais politique ou médiatique. Voilà pourquoi l’existence d’un réseau social spécialisé, qu’il soit destiné aux conservateurs, aux complotistes ou aux amateurs de curling sur gazon n’a pas de sens. Un réseau social c’est tout le monde ou ça n’est plus un réseau social.

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