

Aujourd’hui, l’actualité des suppléments cadeaux…
Je vais vous faire un aveu, depuis deux semaines, je me consacre exclusivement à la lecture des suppléments cadeaux. Cela change des news magazines, au moins là on n’est pas dérangé par de la pub, ça n’est que de la pub. Et si vous en avez marre du genre humain, assez qu’on vous bassine avec les crises, les suppléments cadeaux sont faits pour vous. C’est un peu comme un grand magasin, les vendeurs désagréables et les clients atrabilaires en moins, en lisant les suppléments cadeaux vous comprenez enfin ce que vivait le pharaon mort entouré d’objets.
Les suppléments cadeaux renseigneront beaucoup plus les anthropologues du futur sur notre civilisation que les magazines avec lesquels ils sont vendus. Car ils nous rappellent que nous vivons dans la dernière société primitive au monde, celle qui célèbre des totems et des talismans appelés marques et autres montres, une société placée sous le signe de ce que Marx appelait le fétichisme de la marchandise, car la marchandise poursuivait-il, est « pleine de subtilités métaphysiques et d'arguties théologiques ». Celui aujourd’hui qui ne comprend pas la différence qu’il y a entre une Rolex et une Breitling, un Iphone et un Huawei, un Chanel ou un YSL, ne comprend pas vraiment le monde qui l’entoure. Ce n’est pas que notre société soit matérialiste, elle est au contraire spiritualiste, elle confère un esprit aux objets, ce sont les objets qui nous parlent et nous racontent. La consommation a pris le pas sur la production, c’est désormais le système des objets qui raconte les hommes.
Ce n’est pas un hasard si ce sont les magazines qui proposent les meilleurs suppléments cadeaux car ce sont eux qui ont accompagné cette célébration des objets, dans la France des Trente Glorieuses, à l’époque où l’on nous promettait de vivre comme des dieux, mieux : comme des cadres. Ce sont ces magazines qui ont construit le temple de la consommation dans les années 1960, comme le rappelait Georges Perec dans Les Choses, un livre qui ne parle que de suppléments cadeaux, sous-titré « une histoire des années soixante », un livre où les deux personnages lisent l’Express, le magazine « leur offrait tous les signes du confort : les gros peignoirs de bain, les trucs utiles, les plages à la mode ».
Avec les suppléments cadeaux des magazines, la littérature est partie, seules les choses sont restées…
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