

Il y a pire que les pizzas à balles... Oui, par exemple, les toasts à l'avocat à 12 euros.
Vous savez qu'à France Culture, nous avons fait le serment de tout vous dire, y compris le pire de ce qui arrive. Eh bien voilà : dans les cartes des restaurants en France, arrive le fameux toast à l'avocat, lequel est proposé à 12 euros, alors qu'en terme de matières premières, je vous la fait large, il y en a peu près pour 1 euro... Alors, peut-être qu'à ce stade, vous vous dîtes que cette information est rigoureusement dépourvue de tout intérêt, et que si ce toast vous paraît trop cher, ce qu'il est, il suffit de ne pas le commander, voire d'aller manger ailleurs.
Les choses ne sont pas si simples, car dans le monde anglo-saxon, le toast à l'avocat est au cœur d'une grande polémique. Celle-ci a débuté il y a deux ans quand un magnat de l'immobilier a expliqué que la jeune génération — la fameuse génération des « Millenials » — ne parvenait pas à devenir propriétaire parce qu’elle dépensait son argent en choses futiles et notamment en toasts à l'avocat, lesquels coûtaient jusqu’à 15 dollars, alors que confectionnés à la maison, ils permettaient d’en économiser environ 14, ce qui pouvait aller au budget immobilier. Polémique ! Et le toast à l'avocat est devenu le symbole d’un mode de vie urbain, snob et dispendieux, une sorte de mythe de Sisyphe revu par Brett Easton Ellis, où il s’agit de perdre sa vie pour payer des toasts à l'avocat surpayé.
Le fait que la recette snobinarde arrive dans les restaurants français montre que nous ne sommes pas à l’abri de ce type de toquade… Oui, mais voilà, indépendamment des toasts à l'avocat à 15 dollars, il y a aussi les studios à 200, 300, 400.000 dollars, et pratiquement la même chose en euros. Autrement dit, à l’échelle des métropoles mondiales — Londres, Sydney, Paris, mais aussi Lyon, Toulouse, etc. — on assiste à une inflation des actifs immobiliers. Les appartements situés dans les lieux où se situe l’activité économique coûtent de plus en plus cher et deviennent hors de portée de la majorité des habitants. C’est ainsi qu’à Los Angeles, un trentenaire ne peut pas espérer devenir propriétaire avant l’âge de 73 ans.
Par conséquent, la question métaphysique de l’œuf et de la poule, en matière de niveau de vie, est désormais celle du toast à l'avocat et de la pierre : est-ce le prix du toast à l'avocat qui empêche les jeunes de devenir propriétaires ou bien le prix de la pierre explique-t-il l’inflation des autres produits, à l’instar du toast à l'avocat ? Une question qui donne évidemment envie d’aller manger un sandwich au camembert dans la campagne…
L'équipe
- Production
- Réalisation