Michel Serres avait confiance en l’homme

Le philosophe Michel Serres nous a quitté samedi 1er juin 2019.
Le philosophe Michel Serres nous a quitté samedi 1er juin 2019. ©AFP - JOEL SAGET
Le philosophe Michel Serres nous a quitté samedi 1er juin 2019. ©AFP - JOEL SAGET
Le philosophe Michel Serres nous a quitté samedi 1er juin 2019. ©AFP - JOEL SAGET
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Si Laurent Wauquiez avait choisi Michel Serres, il n’en serait pas là…

Oui, je veux dire si Laurent Wauquiez avait choisi Michel Serres comme tête de liste aux élections européennes, il n’aurait peut-être pas été conduit à jeter l’éponge hier. Car François Xavier Bellamy est certes un homme estimable, mais parmi les philosophes médiatiques Michel Serres, qui nous a quitté samedi, avait une place à part. Pour le dire en un mot, il avait confiance en l’homme. 

Michel Serres plaisait aux médias et aux Français pour mille raisons, parce qu’il avait un beau visage, la crinière du philosophe, une voix envoûtante, à la fois le physique du prophète et le prophète de la physique puisqu’il appartenait à cette génération de philosophe pour qui philosopher c’était aussi connaître les sciences exactes. Prophète de la physique, aussi, parce que Serres préférait incontestablement la physique à la métaphysique. 

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C’est probablement pour cela que Michel Serres avait un discours profondément différent des autres philosophes qui acceptaient de commenter l’actualité, ce n’était pas un prophète de malheur. Même s’il était lucide, Serres n’était ni Candide ni un candide, il pensait que le monde évoluait et pas forcément vers sa perte. S’il s’opposait au conservatisme, ce n’était pas au nom d’un progressisme un peu factice, c’est tout simplement parce qu’il croyait en la capacité des hommes à s’adapter, à ne pas courir vers leur perte. 

Rationaliste dans une époque plutôt irrationnelle, il a sans cesse distillé le même message : il faut raison garder. Se méfier des étiquettes, des faux clivages, qui empoisonnaient la vie des philosophes, mais aussi celle des hommes, et puis faire confiance aux hommes pour démentir les collapsologues, lui qui pensait qu’hier n’était pas un paradis perdu, qu’il ne fallait pas déployer des efforts insensés pour conserver ce qui ne pouvait pas l’être. 

Philosophe de la technique, historien des sciences, il avait confiance en l’homme pour maitriser ces évolutions et transmettre l’un et l’autre : comme il le disait en substance, la science c’est ce que le père enseigne au fils, la technologie c’est ce que le fils apprend au père. 

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