Oui, mourir pour Stromae, le chanteur Stromae... Remarquez bien que cela nous change de Mourir pour Dantzig, je parle de la sympathique bourgade également appelée Gdansk qui fut l’un des prétextes d’une guerre mondiale, et pas le camarade Charles Dantzig qui pour l’instant n’en a causé aucune.
Mourir pour Stromae parce que, depuis son interview au JT de TF1 dimanche dernier, les deux camps fourbissent leurs armes. Au cours de cette interview, le chanteur avait chanté pour répondre à une question comme je vous l’avais fait entendre, preuve que l’interview était monté, remonté, préparé, et qu’elle ressemblait plus par conséquent à un publi-reportage qu’à un passage sur le grill.
D'où un affrontement féroce, sur les réseaux sociaux, entre ceux qui veulent de l’interview sans concession, et voient dans cette prestation l’insupportable prostitution de l’information au nom du spectacle, et le camp d’en face, qui, lui, considère que Stromae est un génie, génie de la promotion ou génie tout court et que face au génie, on se prosterne ou à la limite on fait des vœux.
Mais ce qui est étrange, c’est la violence de l’affrontement, 14-18 autour du 20H de TF1, comme si aucune Suisse n’était envisageable autour du stromaegate ou bien du stromae culte, d'où la question "faut-il débattre de tout ?", et puis violemment encore, c’est donc le débat sur le débat. Est il possible d’être sans opinion, de considérer que l’interview sans concession d’un chanteur, c’est un peu vain, ou bien à l’inverse que les artistes sont des invités comme les autres ?
Ce qu’il y a de troublant, c’est que ce violent affrontement pourrait donner à penser que nous vivons dans une période à ce point tranquille que seule l’interview d’un chanteur peut nous séparer, ou bien au contraire que nous sommes désormais capables de cliver sur tout, y compris sur un sujet anecdotique.
J’avoue pencher sur cette seconde hypothèse : notre époque ressemble à ces grands anxieux capable d’essayer de tromper leur anxiété, en souffrant mille morts à l’idée qu'ils pourraient ne pas avoir fermé la fenêtre, à une époque où le débat s’ensauvage. Après tout pourquoi ne pas choisir un faux débat pour s’affronter réellement ?
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