

Vous avez décidé de célébrer la trêve de Noël…
Oui, je souhaitais vous faire partager une humeur de Noël, une humeur apolitique, une humeur sans fin du monde, sans gamins prêts à faire un « shutdown » si on ne leur offre pas le mur qu’ils souhaitent à Noël, un Noël sans extrait de l’argumentaire que la République en Marche propose pour défendre la politique du gouvernement à Noël, un Noël sans gilet jaune, juste avec du rouge, et attention du rouge couleur de père Noël …
Oui mais voilà je me dis qu’il n’y a pas plus politique aujourd’hui que la fête de Noël. Noël concentre à peu près toutes les querelles du moment, Noël c’est tout d’abord la fête du pouvoir d’achat avec l’obligation de recevoir un cadeau et donc d’en offrir un aussi, autant dire que Noël c’est la fête du « potlatch » — le potlatch, ce terme en anthropologie qui désigne ce processus au terme duquel le cadeau engage, celui qui reçoit un cadeau doit en offrir un autre, et un autre plus beau et ainsi de suite, jusqu’au sacrifice suprême…
En somme le cadeau n’est en rien gratuit, le cadeau n’est pas un cadeau, le cadeau est très politique. Très politique, d’autant plus que le cadeau engage un vrai modèle de société. Après tout pourquoi ne pas choisir la décroissance le 23 décembre – s’il y a un jour où il faut choisir d’être décroissant, c’est bien le jour de Noël – de la même façon que s’il y a un jour où il est opportun d’être célibataire c’est le jour de la Saint Valentin, parce que c’est ce jour-là ou vous pouvez remporter la mise – bref être décroissant le 23 décembre cela permet de se dispenser d’acheter le moindre cadeau – vous aurez ainsi la possibilité d’annoncer à la cantonade que vous n’avez acheté aucun cadeau non par pingrerie bien entendu, non par désintérêt pour les autres – comment en douter – vous n’avez rien acheté pour des raisons absolument politiques.
Noël est la plus politique des fêtes, et je mets la religion de côté, parce qu’à Noël il y a des cadeaux, autrement dit un choix à faire par rapport à la société de consommation, mais il y a aussi un repas, et alors là, le repas c’est désormais un exercice impossible… Élaborer un menu pour plus d’une personne par les temps qui courent, mieux vaut abandonner… Entre les écolos, les vegans, les flexitariens, ceux qui pensent que l’huile de palme est un fléau pour la planète, ceux qui sont contre le tofu parce qu’ils estiment que le soja est nécessairement OGM, faire un repas pour Noël est devenu une mission quasi impossible.
Voilà pourquoi je vous suggère ce soir de vous mettre au lit tôt, sans dinde et sans marron, c’est le plus beau cadeau que vous puissiez vous faire.
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