Nom : Zemmour, prénom : Eric

Eric Zemmour
Eric Zemmour ©AFP - Bertrand Guay
Eric Zemmour ©AFP - Bertrand Guay
Eric Zemmour ©AFP - Bertrand Guay
Publicité

Où il est encore question de Zemmour …

Oui, Zemmour Éric, et si je précise son prénom, c’est parce que la dernière polémique suscitée par Zemmour porte sur le choix du prénom, une antienne de la pensée identitaire française, l’intégration pensent en substance Éric Zemmour et ses partisans, cela commence par le prénom. Voilà pourquoi Hapsatou aurait mieux fait de se prénommer Corinne –c’est la remarque qui a mis le feu aux réseaux sociaux. 

Sauf que cela ne marche plus comme cela, justement les prénoms ne sont plus choisis sur des bases ethniques, que l’on soit français depuis des générations ou non, la grande tendance, c’est la déconnexion entre le choix des prénoms et le groupe auxquels ils renvoyaient il y a peu. Le fait d’appeler sa fille Hapsatou, ou d’appeler son garçon Erwan quand on est breton, devient l’exception. Ces choix de nomination de l’enfant relèvent d’une ancienne démarche, une démarche qui est en train de disparaitre quoi qu’en pense Éric Zemmour. 

Publicité

Pour s’en rendre compte, il suffit de prendre le hit-parade des prénoms les plus donnés en 2018 : dans cette liste on trouve par exemple des prénoms bibliques, jadis principalement donnés par des juifs, et aujourd’hui donnés sans considération d’origine. Nathan est ainsi à la 13ème place, Ethan à la 9ème et Adam à la 5ème place – sans que l’on puisse dire que les Loubavich aient vu leur progéniture déferler dans la démographie française. 

Même chose pour les prénoms jadis rares, réservés il y a quelques temps à de petites communautés : Liam est aujourd’hui à la 8ème place — Liam est la forme irlandaise de William — Mael est 12ème alors qu’il n’y a pas de raz de marée breton, et Nolan, dérivé de l’écossais Niall, occupe la 15ème place – je connais un Nolan dans la Drôme qui n’a aucune ascendance écossaise. 

Pour les filles, étonnamment, c’est moins accusé, les prénoms traditionnels sont en bonne place à commencer par Louise ou Emma, même si Sarah et Anna se portent assez bien puisqu’ils sont dans le hit-parade des 20 prénoms les plus donnés. 

Tout cela pour dire que la grande tendance est à la dé-lexicalisation des prénoms : on ne les donne plus en fonction d’une origine mais en fonction des gouts présents, de la mode. Tout ça pour vous dire que si vous rencontrez un petit Éric Yéménite ou Norvégien, inutile de considérer que ces familles rêvent d’un destin français. 

L'équipe