

.
C’est ce dont témoigne notre attitude vis à la vis de la mort de ces deux soldats français, Alain Bertoncello et Cédric de Pierrepont, nous ne savons que faire vis-à-vis du sacrifice suprême. Parce que nous ne vivons plus dans une société religieuse, parce que la république a parfois du mal à créer un nouveau sacré, malgré nos efforts, malgré nos souhaits, pour créer de la transcendance il n’est pas inutile de disposer d’une religion et d’une métaphysique. D’où cette polémique sur l’inconscience présumée des deux otages, polémique relayée y compris par Jean Yves le Drian, le ministre de la défense. Une polémique dénuée de fondement si l’on en croit libération puisque seule la frontière avec le Burkina Faso était une zone rouge, soit déconseillée, le reste était une zone jaune soit vigilance renforcée, à l’instar de la Thaïlande et des Maldives. Il ne viendrait à l’esprit de personne de considérer qu’une personne en vacances en Thaïlande a fait preuve d’imprudence. Derrière cette pulsion, ce reflexe, d’en vouloir aux deux otages se trouve le classique locus of control, autrement dit cette volonté de retrouver du sens à tout prix, y compris dans les situations ou une part de fatalité existe. C’est comme s’il nous était impossible d’accepter que la responsabilité engagée là-bas, la seule, soit celle des djihadistes preneurs d’otage. C’est une grande tristesse mais voilà les sauveteurs sont là pour sauver, les soldats pour protéger, comme le dit le patron des forces spéciales, « nous sommes prêts à recommencer demain ». Alors pourquoi n’arrivons nous pas à nous y faire ? La réponse de l’anthropologue Albert Hirschman est assez simple : parce que nous avons quitté les valeurs de la chevalerie. Notre société pour évoluer et se pacifier à troquer les valeurs de la chevalerie pour celles de la bourgeoisie. Désormais nous sommes devenus bourgeois et nous n’imaginons plus les duels, la mort ou le sacrifice. Et pour notre plus grand malheur, nous nous retrouvons face à des individus, en l’occurrence des djihadistes, qui continuent très bien à l’envisager.
L'équipe
- Production
- Réalisation