"Paradise Papers", métaphysique des entreprises

Des militants portent des costumes et jettent des faux billets en l’air, en demandant plus de transparence dans les nouvelles lois fiscales, après l’affaire des Panama Papers, le 13 avril 2016 à Berlin.
Des militants portent des costumes et jettent des faux billets en l’air, en demandant plus de transparence dans les nouvelles lois fiscales, après l’affaire des Panama Papers, le 13 avril 2016 à Berlin. ©Getty - Sean Gallup
Des militants portent des costumes et jettent des faux billets en l’air, en demandant plus de transparence dans les nouvelles lois fiscales, après l’affaire des Panama Papers, le 13 avril 2016 à Berlin. ©Getty - Sean Gallup
Des militants portent des costumes et jettent des faux billets en l’air, en demandant plus de transparence dans les nouvelles lois fiscales, après l’affaire des Panama Papers, le 13 avril 2016 à Berlin. ©Getty - Sean Gallup
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Les "paradise papers" s’appellent ainsi parce qu’ils révèlent l’au-delà des multinationales, "paradise papers" parce qu’il s’agit de la métaphysique des entreprises…

Les paradise pape_rs ont été mal compris. On a compris ce qualificatif comme s’il s’agissait simplement d’évoquer des paradis fiscaux, alors que c’est en réalité bien plus profond que cela : les paradise papers s’appellent ainsi parce qu’ils révèlent l’au-delà des multinationales, paradise papers_ parce qu’il s’agit de la métaphysique des entreprises… 

Pour le comprendre, il faut revenir il y a  quelques siècles de cela, à l’ouvrage d‘Ernest Kantorowicz, Les Deux Corps du roi. Dans cet ouvrage consacré notamment à l’Angleterre du XVe siècle, Kantorowicz raconte la naissance de l’Etat moderne. Un Etat moderne qui réalise un partage entre le Christus et le Fiscus, le christ et le fisc. Ce que le Christ ne prend pas, le fisc prend explique-t-il. Kantarowicz raconte comment le Christ a progressivement perdu de l’importance au bénéfice du fisc, au bénéfice de la chose commune, ou pour le dire autrement de l’Etat moderne. 

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Avec les paradise papers, on en vient au troisième terme de cette histoire, c’en est fini du Christ, du fisc, voici le saint bénéfice. Comme le révèlent ces paradise papers, l’économie est devenue une activité métaphysique ou à l’aide d’une série d’opérations ésotériques, pèlerinage a l’île de Jersey, baptême de marque au Luxembourg, communion des saints aux îles Vierges, miracle sur le rocher à Monaco, ces entreprises réussissent à multiplier les pains, à instaurer une nouvelle religion contraire à l’ancienne -Nummus non parit nummos disaient les pères de l’Église suivant en cela Aristote, l’argent n’engendre pas l’argent, mais ça c’était avant, après la religion du fils, et avant que ne disparaisse la religion du fisc.