Paris Match fait sa Une sur Manuel Valls
- Guillaume Erner Docteur en sociologie et producteur des Matins de France Culture
Et ce n’est pas pour parler politique enfin pas seulement. Car derrière Manuel Valls, se trouve une femme, elle est blonde, elle a les yeux protégés comme les siens par des lunettes noires, il s’agirait, je cite Paris Match, de Susana son nouvel amour. Avec elle, ajoute le magazine, il part à la conquête de Barcelone.
Et c’est cela la peopolisation, c’est cela la peste et le choléra. La peste parce que la mauvaise information chasse la bonne, parce que des événements privés deviennent de pseudo informations. Mais il y a aussi et surtout le choléra, autrement dit le mélange entre la vie privée et la vie publique avec à terme l’incapacité de distinguer entre les deux.
Au bout du compte on ne sait plus s’il s’agit d’une histoire amoureuse ou politique, s’il s’agit des deux, en somme si l’événement relève du public ou du privé, ou plus précisément encore, si c’est le privé qui explique le public. Evidemment, le privé peut expliquer parfois le public, c’est aussi vieux que le nez de Cléopâtre, mais le fait de confondre systématiquement les deux porte atteinte à l’idée que l’on se fait de la vie publique, comme si tout cela finalement était soumis à des causes purement privées.
Comme cela a été noté par de nombreux observateurs et commentateurs, c’est ce qui a été mobilisé au sujet de la démission de Nicolas Hulot, où la démission a été volontiers expliquée en termes beaucoup plus psychologiques que politiques, comme si les idées ne comptaient pas, comme si le fait d’avaler des antidépresseurs aurait pu aider cet homme à avaler des couleuvres.
C’est exactement la même chose pour le traitement que Paris Match réserve à Manuel Valls où l’on ne sait plus très bien si c’est la politique qui explique l’amour ou l’inverse. Pour la philosophe Hannah Arendt, la confusion entre vie publique et vie privée était l’un des signes de l’affaissement de la vie démocratique, eh bien c’est ce que l’on observe aujourd’hui à Paris comme à Barcelone.
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