

Alors que l’on nous serine à longueur de journée qu’il nous faudrait ingérer 5 fruits et légumes par jour, c’est du Nutella que nous engouffrons et pas qu’un peu.
Le marché de la pâte à tartiner – comprenez la pâte grasse et sucrée - croit de 4 à 5 % par an en France, je l’ai lu dans les Echos, et cette année, à la faveur ou à cause du confinement, la part de marché du Nutella est passée de 60 à 65 %. Pour un produit qui incarne la mauvaise vie, enfin la mauvaise alimentation, avouez que ce n'est pas mal. Il n’y a pas une polémique, un projet de loi, un aspect sociétal ou écologique ou le Nutella ne tient pas le mauvais rôle.
L’huile de palme est un désastre écologique et social. Ca tombe bien, il y en a dans le Nutella. On veut faire un projet de loi pour taxer la « junk food », la nourriture qui nous fait du mal, le projet de loi devient le projet de loi Nutella. Une promotion tourne à la bousculade en hypermarché, c’est une bousculade autour du Nutella. Bref, le Nutella est à l’épicerie ce que Weinstein est à la production cinématographique.
A moins, et c’est mon hypothèse, que le Nutella ne remporte pas tous ces succès malgré les controverses qui l’entoure, mais grâce aux polémiques qui l’accompagnent. Comme si un jour, il y avait une palme, sans huile, une palme au méchant, au mauvais, au déviant. Nutella, N le Maudit, une variante de ce que l’on appelle l’effet Streisand. L’effet Streisand est dénommé ainsi en l’honneur d’une photo aérienne de la propriété de Barbara Streisand, photo dont elle avait tenté d’empêcher la publication ce qui avait largement contribué à attirer l’attention sur le cliché.
Il y a une multitude d’effets Streisand, lorsqu’une grande entreprise comme Nestlé tente d’empêcher un reportage sur ses activités et contribue en réalité à lancer le reportage. Même chose pour le Nutella, plus on le voue aux gémonies plus on assure sa publicité, plus on en a assez d’être des anges à se resservir du chou Kale, plus on veut manger du gras sucré à la louche. Bref, entre le paradis aux brocolis et l’enfer au Nutella, les français ont déjà fait leur choix.
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