Rémunérer l'échec

Georges Plassat en 2013 à Paris
Georges Plassat en 2013 à Paris ©AFP - ERIC PIERMONT
Georges Plassat en 2013 à Paris ©AFP - ERIC PIERMONT
Georges Plassat en 2013 à Paris ©AFP - ERIC PIERMONT
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Le mot d’ordre dans la Silicon Valley est que l’on ne récompense pas suffisamment l’échec.

Avec
  • Guillaume Erner Docteur en sociologie et producteur des Matins de France Culture

Un sujet de bac philo : faut-il rémunérer l’échec ?

Un sujet facile : évidemment, il faut rémunérer l’échec, et cher en plus – c’est d’ailleurs ce que montre Superfail, l’émission de tous les échecs chaque semaine. Bruno Le Maire a tort de dire, je le cite, « il est normal que la performance soit rémunérée mais on ne peut pas rémunérer l’échec ». 

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Il pense à Georges Plassat, petit retraité, tout juste sorti de son magasin Carrefour, avec dans son caddy seulement 8 millions d’euros d’indemnité, puisqu’il a dû renoncer à la prime de 4 millions d’euros qui devait lui être versée. 4 millions au titre, au titre de quoi ?

Ben justement, on ne sait pas trop, puisque Carrefour est effectivement en piètre état, et s’apprête à licencier et autres joyeusetés. Mais justement, le mot d’ordre dans la Silicon Valley est que l’on ne récompense pas suffisamment l’échec. Un mot d’ordre qui met d’accord Georges Plassat, donc, ancien PDG de carrefour, mais aussi Marc Zuckerberk, Emil Cioran, Samuel Beckett, Arthur Schopenhauer… Que du beau monde !

Et les actionnaires étaient pour une part d’accord : 68 % des actionnaires de Carrefour ont voté pour donner quatre plaques à Georges Plassat – un homme qui les a quasiment ruinés, autant qu’il les ruine jusqu’aux bout. A ce stade, on ne devrait plus les appeler des actionnaires mais des pigeons – ces actionnaires se sont donc battus pour que l’on verse 4 millions à Georges Plassat au titre et c’est ça le plus beau, d’une clause de non concurrence. 

Je vous explique : vous avez dans votre équipe un type désastreux, qui marque contre son camp, qui a construit sa carrière entière sur des échecs. Avant Carrefour, il était à Vivarte, la boîte est aujourd’hui aux soins intensifs. Bref, vous avez un vrai chat noir galactique qui plombe tout ce qu’il touche et vous vous battez pour qu’il n’aille pas chez les concurrents – les actionnaires de chez Carrefour ont inventé le capitalisme masochiste. 

Dans les discours les plus éculés il est de coutume de citer une phrase gnangnan : il n’est de richesse que d’homme – c’est aussi ce que pense le PDG de Carrefour.